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Le Monde : A Lille, l’ancienne conseillère d’Aubry choisit le macronisme pour conquérir la ville

Sous le ciel gris hivernal, le beffroi de Lille semble n’avoir jamais été autant convoité. Maire de la ville depuis dix-sept ans, Martine Aubry avait annoncé, en 2014, que ce serait son troisième et dernier mandat. Mais, alors que se préparent les municipales de 2020, sa future candidature est déjà dans toutes les têtes, notamment celles de ses adversaires attendus.

Violette Spillebout, 46 ans, inconnue du grand public, a accepté de reprendre le flambeau de Christophe Itier pour La République en marche (LRM) afin de l’affronter. Haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire et à l’innovation sociale, battu aux législatives dans le Nord en 2017 par l’« insoumis » Adrien Quatennens, M. Itier a en effet annoncé, fin novembre, qu’il renonçait à se présenter aux municipales lilloises pour se consacrer à ses fonctions auprès du ministre de la transition écologique et solidaire François de Rugy.

L’annonce de la candidature de Violette Spillebout est un nouveau coup porté à Martine Aubry. Entrée à la mairie en 1997, cette ancienne ingénieure en santé publique a été successivement sa chef de cabinet – de 2001 à 2005 –, sa directrice adjointe de cabinet puis sa directrice de cabinet – de 2008 à 2013.

Un temps encartée au Parti socialiste (PS), aujourd’hui adhérente de LRM, Violette Spillebout a longtemps été une des confidentes de Martine Aubry. « Avant 2014, [cette dernière] voyait même en elle un successeur », se souvient l’eurodéputé (LRM) Gilles Pargneaux.

« Un beffroi aux abois »

« J’ai quitté la ville il y a cinq ans pour des raisons de divergences sur le fond, notamment la culture, l’éducation ou le commerce, et sur la forme », explique aujourd’hui celle qui n’a jamais exercé un mandat. Un conflit entre la Maison de la photographie, dirigée par son époux, Olivier Spillebout, et la municipalité lilloise n’a pas arrangé les relations entre les deux femmes. En janvier, après le refus du conseil municipal d’accorder une subvention annuelle de 130 000 euros à la structure culturelle déficitaire, l’opposition s’en mêle et dénonce un « assassinat sur fond de querelle politique ».

Violette Spillebout affirme que sa candidature n’a rien d’une revanche. « Je ne fais pas ça par rancœur, mais parce que j’ai cultivé mon goût pour l’intérêt général. On sent la ville à bout de souffle, confie-t-elle. Elle a besoin de respirer, de se retrouver autour des valeurs des Lillois : la solidarité, la fierté et l’émotion collective, pour reprendre le slogan de Lille 2004. »

Le Monde du 23/12/2018 par Laurie Moniez