EPILOGUE

L’autre mur, Epilogue

LE POISON DES MICROCOSMES

Le problème de désaffection ne touche pas que les jeunes. Ceux à qui la politique ne s’adresse plus avec force, ou qui le ressentent comme ça, désertent. Souvent, car ils se sentent loin, très loin, d’une élite déconnectée de leur quotidien, du réel. Cette perception, même si elle n’est pas forcément justifiée, repose tout de même sur une réalité, la fameuse fracture entre certains microcosmes et la société. Ces bastions, ces cercles fermés, ces institutions qui tournent en vase-clos, posent par leur fonctionnement et parfois leur philosophie, un problème pour la démocratie. C’est encore plus vrai au niveau local où la proximité implique une exigence d’autant plus forte d’ouverture et de transparence. S’il faut se garder des discours démagogiques contre les élites, il faut toutefois réformer ce qui ne tourne pas rond. Ni populisme, ni statu quo.   

J’aspire à incarner une autre voie, où le pouvoir n’est pas concentré entre les mains d’un petit nombre issu d’une même catégorie sociale, ou d’une même tribu, mais partagé et diffusé au sein de tous les membres d’une équipe ouverte et reflet de la société. D’une équipe connectée aux citoyens. Il est essentiel de favoriser un environnement où chacun se sent écouté, respecté et valorisé. Je souhaite ouvrir les portes des systèmes de décisions, permettre à chacun de pouvoir contribuer activement aux processus de choix impactant le destin commun. Je suis convaincue que la diversité des perspectives et des idées est une richesse inestimable, qui nous aide à éviter les pièges de la pensée unique et à prendre des décisions plus éclairées et équilibrées. Ma connaissance approfondie du système dont je suis issue m’a permis de prendre conscience de ses dysfonctionnements et de ses limites. J’ai pu observer de près le manque de transparence, le mépris des interlocuteurs, le refus du dialogue et le copinage qui ont engendré une dégradation progressive de la confiance. Cette prise de conscience a été un puissant moteur de transformation personnelle et de recherche d’une alternative plus juste et plus équitable.

Il faut casser impérativement ce mouvement d’abstention. C’est peu de dire que la municipalité de Lille, tout à son réseautage, n’a pas aidé à favoriser un débat démocratique susceptible d’enrayer cet “abandonnisme”. Les calculs politiques ont un coût. En étouffant le débat, ou en le rapetissant, on décourage les électeurs à s’y intéresser. C’est l’effet boomerang qui ne préoccupe guère ceux qui, au fond, en bénéficient. Le populisme, que j’abhorre, consisterait à contester l’institution elle-même, le cadre légal qui l’autorise à agir. Il n’est pas question de cela. Mais entre le populisme et la résignation, il y a, qu’on se rassure, une large voie. Parfois, un boulevard. S’il est hors de question de remettre en cause les institutions, il s’agit de pointer sans tabou les pratiques douteuses, les abus de pouvoir, la surdité aux revendications d’acteurs locaux. 

L’inertie face aux dérives des microcosmes, c’est précisément ce qui alimente le populisme. Le meilleur allié de ce dernier est le fatalisme. De nombreux citoyens se disent que c’est comme ça, qu’on ne peut rien y faire, rien y changer et qu’il n’y a donc rien à espérer. Certains redoutent même d’être blacklistés s’ils remettent une politique locale en question. Le populisme fait ensuite son œuvre. Les politiques, au fond, sont tous les mêmes. Après tant de déceptions, à quoi bon faire nouveau confiance ? Plus grave, plutôt que de se battre pied à pied sur chaque sujet, la désillusion politique est une aubaine pour certains. Puisque les urnes ne régleront rien, il faut balayer les institutions. Ce ne sont plus seulement ceux qui sont aux responsabilités qui sont défaillants mais les institutions elles-mêmes qui sont par nature corrompues, au-delà des individus. Dans le discours populiste, le système n’est pas réformable, il est intrinsèquement mauvais. Il faut donc l’abattre d’un bloc. Le système est bel et bien réformable, la transparence, les garanties d’indépendances, les pare-feux contre l’abus de pouvoir, la réforme de nominations, les mesures d’équité, le contrôle des décisions, etc., notre démocratie ne manque pas d’outils pour soigner les maux. Encore faut-il la volonté. 

Ceux qui sclérosent ces institutions et ceux qui veulent les faire exploser, deviennent des alliés objectifs d’une entreprise de démolition. D’un côté, on ne change rien, de l’autre, on se sert de cet immobilisme pour dire qu’il faut tout foutre en l’air. Y compris les institutions dans lesquelles on a été élu. Le grand perdant est le débat d’idées. Ceux qui s’accrochent à une conception hermétique du pouvoir redoutent ce débat d’idées qui pourrait remettre en question leur pré-carré. Ceux qui veulent la révolution ne prennent même pas la peine de formuler des propositions vraiment concrètes et surtout réalistes. Ces positions, on les trouve aux deux extrêmes de l’échiquier. A droite, quand il s’était agi de quitter l’Europe, d’abandonner l’Euro, de se « débarrasser » de tous les technocrates, ou de dénoncer les accords internationaux. A gauche, quand il est question de changer de République ou rien. Les institutions, en particulier européennes, sont la cible, puisque le programme, dirigé contre les élites, se résume en gros à un repli sur soi avec le référendum comme arme du détricotage institutionnel. Les Assemblées n’ont plus leur mot à dire sur les principaux sujets. Il ne s’agit plus uniquement de demander leur avis aux Européens ou aux Français sur des sujets fondamentaux mais de brandir le référendum pour proposer avec démagogie d’exercer le pouvoir directement sur tous les sujets. Promesses qui n’engagent que ceux qui les croient, porte ouverte à des décisions potentiellement catastrophiques. On a vu, avec le Brexit, désormais rejeté par une majorité de Britanniques, à quel point cet outil, manié avec cynisme, peut s’avérer risqué. 

A l’extrême-gauche, le discours est plus frontal. Il faut tout changer. La Constitution, la fonction de Président, le rôle et le fonctionnement des assemblées, le Conseil constitutionnel… Là aussi l’Europe est un épouvantail et le référendum un remède miracle. Ce rejet en bloc, y compris par la violence, rejaillit sur les institutions locales. Puisque c’est tout le système qui est obsolète ou illégitime, les élus locaux, à portée d’engueulade, sont les premières victimes, car les interlocuteurs les plus proches, les plus identifiables, de ce grand coup de balai. Une réforme des institutions est, je le crois, souhaitable. Cette réforme était et reste dans le programme du chef de l’État. La mission qu’il a confiée récemment à Eric Woerth est un premier pas.

Les extrêmes sont aidés dans ce travail de sape, par ce «vieux» système qui ne remet pas en cause les institutions mais les affaiblit à force de népotisme, de promesses sempiternellement trahies et de recette usées jusqu’à la moelle. Il ne faut pas sous-estimer le rôle de ce que j’appelle les baronnies dans ce fiasco. A côté des populistes, il y a les suzerains, dont la politique nourrit le rejet, qui s’arrangent pour tout verrouiller. Lille est l’une de ses baronnies. Avec le succès que l’on sait. 

En 2020 donc, plus de 68% des électeurs lillois ne se sont pas déplacés. Parmi eux, l’écrasante majorité de jeunes qui, pour certains, ne sont même jamais inscrits sur les listes électorales. Leurs engagements pour la planète, les libertés publiques, l’égalité des sexes ou les droits des minorités, témoignent pourtant de l’intérêt pour la chose politique au sens large. Il faut refuser que ce soit une cause perdue, ils ne pensent pas que la fonction politique soit déterminante. Les réseaux sociaux véhiculent milles raisons de croire que les politiques sont tous corrompus, entre les mains de lobbies, vendus aux officines d’un grand ordre mondial. 

A la vérité, l’autre problème, c’est que les politiques ne s’adressent pas à eux, ou, quand certains le font, c’est pour conforter cette sensation d’une société Big Brother, autoritaire et manipulatrice. 

Il nous faut continuer une analyse introspective, vis-à-vis des jeunes, et de tous les abstentionnistes. Lutter contre les populismes, la désinformation, est une nécessité absolue. Mais nous devons en parallèle accompagner des changements en profondeur susceptibles de reconstruire la confiance. En 2017, une majorité de Français ont validé le constat qu’il fallait réformer la société et imaginé ce qui a été parfois été qualifié de «nouveau monde». En 2022, ils ont confirmé cette volonté. Entre les deux, le Covid a bouleversé nos modes de vie, ralenti des réformes, et changé des priorités. Ce n’est pas le seul frein. Les réformes se heurtent à des résistances, il est difficile de faire bouger un système installé de longue date, voire sédimenté, et dont l’organisation est souvent complexe, voire illisible. Même avec toute la volonté du monde, il n’est pas simple de s’attaquer à ces bastions. Certaines institutions ont le don de résister au changement. La municipalité de Lille est un exemple de cette sédimentation. Comme d’autres, elle continue à penser la politique comme il y a 20 ou 30 ans. 

Il s’agit aussi de résoudre des problèmes dont l’origine remonte à des décennies. L’ampleur de la tâche ne doit nullement nous faire reculer. Mais nous devons mieux expliquer ces complexités. La réforme des retraites est l’un des exemples où nous n’avons pas assez bien expliqué les choses, pas assez précisément et pas assez tôt. Dans un registre plus positif, puisqu’une réforme des retraites reculant l’âge est nécessairement perçue comme la perte d’un acquis ; la simplification administrative, les aides sociales dites à la source, une justice plus rapide et plus efficace, des institutions davantage représentatives, des processus favorisant la méritocratie, l’accompagnement d’une économie verte, sont quelques-uns des thèmes que nous ne devons pas cesser de porter, avec pédagogie. Le Covid a forcément impacté ces mouvements en avant. Toutefois, nous devons en parler haut et fort. Sans cacher l’ampleur de la tâche, liée à des politiques successives qui ont nourri l’abstention. 

ÉGALITÉ DES CHANCES

Pour Lille, comme pour tout notre pays, je porte une conviction, celle qu’il faut favoriser l’égalité des chances de façon systémique. C’est par l’égalité des chances, l’émancipation, les savoirs fondamentaux si chers à Gabriel Attal, que nous améliorerons notre rapport à la nation, son histoire et son avenir. La politique locale doit à ce titre être moteur, exemplaire. Elle doit l’être sur plusieurs plans. 

L’éducation inclusive : le mot inclusif fait parfois grincer des dents, il est pourtant, dans son sens premier, un levier majeur pour favoriser l’équité et l’intégration. Cette éducation inclusive consiste en une éducation de qualité pour tous, en réduisant les inégalités entre les établissements scolaires et en offrant un soutien supplémentaire aux élèves issus de milieux défavorisés. Des mesures telles que le dédoublement des classes en primaire ou les groupes de niveaux au collège, lancées sous Emmanuel Macron, commencent à montrer des résultats très encourageants. Nous devons poursuivre, avec des programmes de tutorat, des classes préparatoires et des aides financières peuvent contribuer à réduire les disparités dans l’accès à l’éducation. 

Le terme inclusif doit aussi s’appliquer aux associations, qui n’ont pas forcément pignon sur rue, ou qui ne sont pas dans les petits papiers d’une collectivité. C’est donc un état d’esprit. J’ai évoqué ces associations de parents d’élèves ou de commerçants snobées par la mairie de Lille. L’inclusivité, c’est accepter de ne pas choisir ses interlocuteurs seulement en fonction de leur pedigree, c’est d’associer tous ceux qui font un vrai travail de terrain. Ce n’est pas prendre un grand risque que d’entendre des remarques éventuellement pertinentes ou de bonnes idées. Cette inclusivité renforce le lien, et Dieu sait si renforcer les liens avec le tissu social est nécessaire. Ce dialogue ne lie pas les mains d’un responsable politique. Mais pour rapprocher la politique et les citoyens, il faut impérativement favoriser la co-construction par la concertation. 

Contrairement à certaines reçues, ce processus ne fait pas perdre de temps, il en fait gagner. Les décisions trop éloignées des réalités de terrain doivent être revisitées et réévaluées plusieurs fois, voire être tout bonnement abandonnées faute d’adéquation aux besoins.  Ce processus est important car il prépare des décisions mieux éclairées, davantage susceptibles de susciter l’adhésion. 

Sans tomber dans la cogestion, ou une co-participation débridée, la concertation présente une infinité d’atouts sans priver l’institution de sa capacité de trancher. Mais le débat, plus riche, aura eu lieu en amont. Non, on ne risque vraiment rien à considérer et à inclure. 

L’égalité des chances, c’est aussi permettre à chaque enfant, à chaque citoyen, d’aiguiser son esprit critique et son discernement. L’école a un rôle majeur en ce domaine, mais la sensibilisation doit s’élargir à toutes les générations, qui, envahies par la puissance des réseaux sociaux, risquent de s’enfermer dans la non-citoyenneté : propagande, embrigadement, complotisme, fatalisme. Je suis de ceux qui croient par-dessus tout à l’éducation, et c’est pour cela que je me suis investie sur le sujet brûlant de l’éducation critique aux médias. Concernant l’égalité des chances, on ne fera rien réellement si on ne passe par les apparentes « petites » actions. On ne règle pas tout avec des Grenelles, il faut identifier les biais, les décortiquer, pour enrayer les processus discriminants, parfois inconscients, qui ne manquent pas de nous revenir à la figure. Cette sensibilisation, cette formation est valable pour tous, y compris les élus. Une collectivité locale doit être en pointe pour les accompagner grâce à l’aide d’associations, en associant aussi les entrepreneurs et les autres institutions.  

Pour l’égalité des chances, je crois aussi beaucoup au mentorat et au parrainage : une collectivité locale a les moyens de montrer l’exemple en matière d’égalité des chances et de justice sociale, en aidant à la mise en place de programmes où des personnes ayant réussi professionnellement peuvent guider et soutenir des personnes issues de milieux défavorisés, en leur donnant des conseils, des opportunités et des réseaux. C’est l’une des déclinaisons du vivre-ensemble. Une municipalité doit fortement l’encourager, en son sein, dans les projets qu’elle soutient, dans ses discussions avec les acteurs locaux. La transmission reste encore aujourd’hui un grand défi pour les entreprises, on l’a vu avec la question des retraites lors du débat -saboté- sur les seniors. Elle doit être une valeur étendard des collectivités publiques car elle rapproche les générations et peut contribuer à améliorer l’égalité des chances. Il faut généraliser la pratique car les associations se battent bien trop souvent seules et les mesurettes d’affichage, l’incantatoire, ne suffisent pas. 

Concernant la méritocratie, je ne saurai trop conseiller la lecture de Camille Peugny, sociologue et chercheur, qui a publié des ouvrages passionnants sur la méritocratie et les inégalités scolaires en France. Son livre « L’élitisme républicain » explore la tension entre l’égalité des chances et les mécanismes de sélection qui peuvent perpétuer les inégalités. Loin d’être fataliste, il appelle à multiplier les «occasions d’égalité», dans «Le Destin au berceau», parce ce qui est en jeu, c’est la cohésion sociale.Je veux multiplier, à mon niveau, ces «occasions d’égalité». Parmi les chantiers, je porte une attention particulière aux quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et à la ruralité. Les QPV désignent des territoires infra-urbains définis par les pouvoirs publics comme cible prioritaire en fonction des considérations locales liées aux difficultés que connaissent les habitants de ces territoires. Il ne s’agit plus de bricoler mais de réinventer ce maillage. L’inégalité territoriale de percolation des moyens est dans mon viseur. On ne peut pas, à mes yeux, avoir de réelles ambitions pour une grande ville comme Lille métropole, sans prendre en compte la notion de territoires. 

Je ne suis pas partisane, vous l’aurez compris, d’une concentration des moyens et des projets. Ni dans les mains de ceux qui décident, ni sur le terrain. Je pense qu’il est totalement possible de faire vivre un centre-ville attractif, et de développer des centres d’activité et de vie dans tous les espaces de la ville. L’identité de Lille est forte et pourtant multiple, c’est le développement synchronisé de l’ensemble de ces territoires qui la rendra tout entière plus puissante. Je crois dur comme fer dans la cohésion de territoires renforcée, dans la notion d’une ville “aidante” où personne, où qu’il vive, ne se sent relégué ou abandonné. Je crois obstinément à un développement économique innovant, responsable et solidaire, sur l’ensemble des territoires, et qu’il faut faire massivement entrer massivement la nature à Lille, pour le confort de vie et parce que c’est une affaire de santé publique. 

Cette égalité des chances doit aussi concerner le renouvellement de la classe politique. J’ai dit ma crainte de voir des compétences se détourner de la politique à cause du populisme, du sectarisme, de la violence. Mais il y a bel et bien un problème d’égalité d’accès, à de multiples niveaux, à cause de ce que j’appelle la politique locale en vase-clos. Plusieurs solutions existent pour favoriser le renouvellement des «élites» et réduire les inégalités liées à l’accès aux positions de pouvoir et d’influence. Encourager vraiment la diversité mais pas seulement. Il faut galvaniser l’engagement citoyen et la participation démocratique en incitant les citoyens à s’impliquer activement dans les affaires publiques. Cela peut passer par la mise en place de mécanismes de consultation, de participation citoyenne et de délibération publique pour permettre aux voix diverses d’être prises en compte dans les processus de décision, notamment un accès plus équitable aux ressources. Outre une réforme du processus des comptes de campagne, l’accompagnement en matière de droit électoral, il faut encourager l’intégration et la promotion des autodidactes dans les mouvements politiques mais aussi favoriser les passerelles avec le monde de l’entreprise. Et là, il s’agit d’un état d’esprit. Beaucoup de gens motivés ne peuvent pas faire une parenthèse dans leur carrière professionnelle. J’ai commencé à innover sur cela en 2020, quand j’ai lancé l’”Appel aux Lillois” qui avait pour objet d’ouvrir ma liste municipale à des citoyens nouveaux, désireux de s’engager pour la ville sans dogmatisme, sans a priori. Je continue de travailler sur ce sujet au niveau parlementaire avec ma mission “Statut de l’élu local”.

Penser à une véritable égalité des chances amène à se débarrasser des dogmes pour regarder le paysage d’ensemble. Ces milieux modestes, sans réseau, sous représentés, ou pour de mauvaises raisons (l’électoralisme communautaire, cynique). Et aussi ces milieux d’expertises dont les acteurs n’ont guère d’intérêt à se lancer en politique. Pour ceux qui sont toutefois motivés, il y a un problème d’égalité des chances. Il est plus facile d’envisager une parenthèse politique lorsqu’on est fonctionnaire. Il est infiniment plus aisé d’entrer dans ce monde lorsqu’on peut financer soi-même son congé sans solde, lorsqu’on est encarté, lorsqu’on est un indépendant fortuné. Pour sa richesse et sa diversité, le monde politique doit imaginer comment faciliter le «recrutement» de compétences. Ce n’est pas simple à organiser, mais c’est un vrai thème de réflexion.    

LILLE : L’INTELLIGENCE COLLECTIVE

Ces considérations sont valables sur un plan général. Elles s’appliquent particulièrement à Lille, où l’entre-soi et roi et où le manque de dialogue est quasiment devenu une marque de fabrique. Par contraste, j’ai proposé et je défends une politique qui entend associer les acteurs locaux et les citoyens. Il faut avoir un projet structuré à proposer aux électeurs. On peut le griffonner seul dans son coin, ou avec une poignée d’affidés, mais on peut le bâtir grâce à l’intelligence collective. C’était déjà mon pari en 2020. 

Je suis en faveur d’une véritable co-construction des politiques publiques, notamment concernant la ville de demain, son urbanisme et sa végétalisation. Certaines villes à travers le monde mettent en place des processus de co-construction des politiques publiques, impliquant les citoyens dans l’élaboration des décisions et des stratégies de la municipalité, sous la forme de rencontres, d’ateliers de réflexion, de groupes de travail ou de forums ouverts. L’idée a largement fait son chemin notamment lors des conférences mondiales Habitat. 

Des villes comme Quimper, Alès ou Kingersheim dans le Haut-Rhin expérimentent ce modèle où le maire bâtisseur devient animateur d’une évolution concertée avec ses administrés. La co-construction, mais aussi l’éco-conception, demande une vraie organisation ambitieuse. Et ne doit pas être simplement de l’affichage. Lille peut passer demain d’un modèle centralisé à un modèle de co-construction en s’appuyant sur ses conseils de quartier, les plateformes numériques de participation plus dynamiques et des comités représentatifs de tous les acteurs de la cité. On en est tellement loin aujourd’hui, quand j’entends les retours de mes conseillers de quartier Faire Respirer Lille, qui vivent des réunions aseptisées, inutiles, et à côté des priorités des Lillois.

Ce projet pour une ville, les citoyens doivent pouvoir s’en emparer. Il doit leur faire une place, et intégrer donc un volet participatif, mot hélas galvaudé.  C’est-à-dire qu’il doit permettre le dialogue constructif, pour répondre à ce que le philosophe Edgar Morin appelle la «nécessité de dialoguer». A nouveau, il faut le faire concrètement. Comment ? 

Par des conférences citoyennes. Ces assemblées délibératives composées d’un échantillon représentatif de citoyens qui débattent de questions d’intérêt public ont été mises en place au niveau national sur la question climatique ou la problématique de la fin de vie. Ces assemblées permettent d’impliquer les citoyens dans la prise de décision et de favoriser le dialogue inclusif. Je suis favorable au développement de ces assemblées au niveau local, sur des questions locales. La ville est une agora parfaite pour réunir des habitants de tous horizons autour d’une table, sur des sujets de proximité. Je pense par exemple à la politique culturelle, ou à la vie étudiante, qui pourraient être des sujets adéquats. La participation citoyenne et l’élaboration collective d’un projet commun à l’échelle d’une ville revêtent différentes formes qu’il faut s’autoriser à explorer. 

Par les jurys citoyens. Certaines villes ont expérimenté la mise en place de jurys citoyens pour délibérer sur des questions d’intérêt public. Ces jurys sont composés de citoyens tirés au sort et représentatifs de la diversité de la population. Ils sont chargés d’étudier et de formuler des recommandations sur des sujets comme l’environnement, l’urbanisme, les transports ou les politiques sociales. Les décisions prises par ces jurys peuvent ensuite être prises en compte dans les processus décisionnels de la municipalité. Les jurys citoyens existent dans les villes de nombreux pays comme l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne, le Danemark, ou la France. L’un a même été organisé à Lille avec la fondation Terra Eco. Nantes y a recouru sur la gestion de l’eau potable, Toulouse sur un plan Santé. J’aurais bien aimé que pour la requalification de la rue Solférino, le projet pour le Parc Saint-Sauveur, la nouvelle piscine olympique, ou la remise en eau du Peuple Belge à Lille, ce type de jurys ait été utilisé plutôt que des pseudo-consultations réservées aux engagés et aux avertis. Ces jurys citoyens pourraient aussi, pourquoi pas, être des garde-fous indépendants contrôlant l’action publique sur sa transparence et son équité. Ce modèle émergent, qui est né dans les années 80, pourrait être devenir un garant de la démocratie locale par ses recommandations. La démagogie consiste à leur confier un mission d’évaluation de l’action des élus, comme cela a parfois été suggéré. Les citoyens le font directement en votant. En revanche, outre leur avis consultatif sur des sujets de société, leur confier la mission de veiller à la vivacité de la démocratie locale et d’alerter sur ses dysfonctionnements pourrait permettre de désamorcer des problèmes qui finissent par s’ajouter à l’embouteillage judiciaire. Et de faire émerger des idées sur la démocratie participative. En la matière, je suis favorable à tout ce qui, avec sérieux, renforce le caractère concernant la politique locale pour les citoyens. 

Par l’inclusion de l’usager dès la conception des projets : si on avait par exemple des usagers du secteur concerné, et des personnes en situation de handicap, associés dès la conception d’un espace public, tous les projets seraient mieux pensés et réalisés ! On n’aurait pas ce qui se passe aujourd’hui, le renvoi de balle systématique sur les responsabilités entre la Ville de Lille et la métropole Européenne de Lille,  avec des projets qui mettent huit ans à voir le jour et qui, au bout du compte, sont inadaptés tant aux personnes handicapées qu’aux parents utilisateurs de poussettes. Je pense à la rue de Gand dans le Vieux-Lille, où il est finalement plus simple et sûr de marcher sur la chaussée que sur les trottoirs. De même, associer des jeunes, non pas seulement au conseil municipal des Enfants ou à celui des Jeunes, mais dans chaque réunion de travail municipal, c’est s’assurer de croiser les regards, d’innover, de voir les choses différemment. Il faut placer le citoyen usager dans le processus de gouvernance. Je rêve d’une mairie où à chaque réunion avec l’équipe de cabinet, on invite systématiquement un habitant en lui permettant de poser des questions avant puis de faire ses remarques après. 

Autre piste connue, le budget participatif : plus de 40 villes de France ont mis en place ce processus par lequel les citoyens sont invités à voter sur les projets d’investissement public, notamment Lille. La mairie en place a décidé de ralentir la cadence de ce budget dont l’enveloppe est de 2 millions d’euros, le budget de la MEL étant de 2 milliards d’euros. Officiellement, il s’agit de se donner le temps de mettre en place les idées votées. Soit. Je suis partisane de davantage doter ce budget et d’étendre son champ d’application sur les grands projets susceptibles de diviser les Lillois, et qui sont facturés chacun 5, 10, voire 20 fois plus que le budget participatif actuel. Que ce soit la décision de construire ou de démolir un bien commun. Ce que je regrette, c’est que ce budget soit utilisé en l’état principalement comme un gadget permettant de revendiquer un dialogue social. Les initiatives citoyennes proposées dans ce cadre sont inventives et valorisent l’esprit collectif. Mais à Lille des décisions majeures sur la circulation, la bétonisation, les commerçants, ne font l’objet d’aucun dialogue. Par un mode participatif, ou tout bonnement en renouant le dialogue avec les acteurs locaux, ces questions impactantes dont le coût est souvent exorbitant, doivent faire l’objet de discussions. Sinon, ces budgets participatifs ont des allures de cache-sexe, voire deviennent un argument publicitaires.    

PLUS ARMÉE

En 2020, notre programme “Faire Respirer Lille” avait lui, été largement co-construit durant deux ans. A l’arrivée, dix mesures prioritaires et 170 propositions au total.  Des axes majeurs comme la sobriété énergétique, les espaces publics, la sécurité et l’éducation, sont plus présents que jamais. Parmi les 10 propositions prioritaires de 2020, j’avais proposé la création d’une Assemblée citoyenne Lilloise pour faire de Lille un modèle de démocratie locale ouverte. Cette exigence de démocratie est plus que jamais d’actualité. Pour la renforcer, maintenant que j’ai 3 ans d’expérience en tant qu’élue municipale, je pense qu’il faut accroître la représentativité des opposants. Au conseil municipal, dans les conseillers de quartier et les organismes délégués, qui ont un rôle essentiel : Euralille, Office du Tourisme, Syndicats de gestion divers. Souvent l’opposition n’y est pas représentée ou sous-représentée, à cause du mode d’attribution des sièges liés aux résultats des scrutins. 

Je pense aussi que les commissions municipales thématiques où sont présentées les délibérations devraient être publiques, comme c’est le cas à l’Assemblée Nationale. C’est un gage d’implication des citoyens et des porteurs de projet, et on le sait : plus les débats et les décisions sont opaques, moins ils ont confiance. A l’Assemblée, les débats publics sont même visionnables rétroactivement sur le site du parlement. Dans le même sens, j’estime que les conseils de quartier qui sont des organes où il y a des délibérations de proximité, où on vote l’attribution de soutiens aux associations, où on vote des avis sur des projets de la ville, devraient être non seulement publics mais aussi filmés, accessibles à tous, et commentés. Le local ne doit pas être un parent pauvre de la démocratie. 

Être à l’Assemblée me donne forcément une nouvelle vision des enjeux municipaux, et un poids pour Lille que je n’avais pas en 2020 ; une expérience des négociations avec les institutions que je n’avais pas ;  une vision plus large de l’échiquier politique, une meilleure connaissance du terrain par la pratique, les échanges, le partage d’initiatives ; de nouvelles compétences à la hauteur des enjeux, de la complexité de certains dossiers et les travaux approfondis en commissions. Ce dont je suis le plus fière toutefois, c’est d’être restée fidèle à mon état d’esprit de 2020, aux valeurs qui m’animaient, à la curiosité propre aux débutants, à l’énergie que doit nécessairement déployer un challenger, cet enthousiasme que la politique peut abimer. J’ai redouté de devenir de devenir cynique, déconnectée, ou d’être dépassée ou écrasée par la solennité de l’endroit, la rudesse du débat, la complexité des procédures. Je n’ai plus cette crainte. On se révèle en faisant. 

Au niveau local, je suis convaincue que les députés doivent pouvoir être mieux intégrés dans les réunions sur les projets majeurs du territoire. Aujourd’hui, c’est le Préfet ou ses services qui sont invités car ils ont les manettes sur les financements des projets du territoire. C’est le Préfet ou ses représentants qui s’expriment et je déplore, comme de nombreux collègues, les limites de notre rôle en circonscription. La suppression de la réserve parlementaire n’a pas aidé, et je suis favorable à son rétablissement. Des écoles, par exemple, me sollicitent pour demander de soutenir un projet mais je ne peux rien faire pour eux à part écrire une lettre à un ministre. C’est toujours ça. Les députés doivent toutefois avoir une plus grande latitude d’action localement. Je suis députée sans budget sur ma circonscription, je suis conseillère municipale d’opposition sans budget sur ma ville et donc je suis limitée dans mon champ d’action, sauf finalement quand je prends la main hors de tous codes, comme pour Carelide. C’est bien sûr lié à un découpage des fonctions, et je l’ai dit, un député peut faire beaucoup par d’autres moyens. Mais un rééquilibrage me semble nécessaire, même s’il n’est pas de nature budgétaire. L’association des députés à des réunions stratégiques du département et une meilleure information sur les projets de la circonscription, seraient déjà une avancée.   

Au plan national, j’ai continué à apprendre, je suis davantage armée, plus offensive ; mon rôle de porte-parole m’oblige à être polyvalente, pédagogue, à tenir des propos responsables, sans perdre mon authenticité. Je n’ai pas perdu le sens de la compassion, au contraire ; je ne me sens pas blasée, ni plus distante, ni installée, ni plus importante. Je ne me sens pas actrice d’un huis-clos hors le monde, ni forcée à composer avec mes principes. Je me sens utile, active, pleine de ressources pour l’avenir.

OBJECTIF LILLE

Je me suis engagée tardivement en politique, à 46 ans, parce que c’était pour moi le bon moment. Je suis allée à mon rythme, en suivant mon instinct, forte d’une expérience professionnelle suffisamment conséquente pour me sentir légitime à briguer un mandat. Je n’en rêvais pas depuis l’enfance, je n’ai pas milité dans ma jeunesse, je n’ai pas participé activement à de grands mouvements de contestation fondateurs, déterminants dans le parcours de certains de mes collègues députés. Je ne peux pas expliciter ma vision actuelle sans m’attarder un peu sur mon parcours, mes débuts auprès de Pierre Mauroy et «mes années Aubry», mon expérience à la mairie. J’ai partagé mon regard sur ce que cette institution est devenue et sur la dérive du système en place, emblématique d’autres petits milieux élitistes et en circuits fermés du modèle français, dont l’étanchéité du fonctionnement et l’arbitraire des décisions sclérosent la société et abîment la confiance des citoyens dans la politique et ses institutions. 

La municipalité de Lille est en l’espèce un cas exemplaire, dérive locale symptomatique d’une problématique universelle. Ce regard vers le passé ne m’intéresse que dans ce qu’il peut nourrir les réflexions présentes et les débats futurs.

D’abord, je crois qu’on ne peut jamais appréhender l’avenir sans ausculter le passé, en tirer les leçons, bonnes et mauvaises. Concernant le règlement de comptes, c’est à mes yeux hors-sujet. Ce qui m’anime est de défendre un programme concernant le plus grand nombre, une alternative, pour créer une rupture dans l’intérêt général. En cela, mon expérience personnelle est utile. Je me crois bien placée pour porter cette rupture. Quand je dénonce le système Aubry, je sais de quoi je parle, et je crois utile de dire en quoi mon expérience personnelle éclaire sur des méthodes qui dépassent largement mon sort. Bref, c’est hors-sujet, car quand on aspire à changer les choses, à moins d’en faire un slogan passe-partout, il faut nommer ce avec quoi on veut précisément rompre. La dimension personnelle des différends avec Martine Aubry apporte, par bien des aspects, un éclairage sur ses pratiques, ses méthodes, sa conception de l’opposition, sa vision du processus démocratique. Cette dimension personnelle n’est pertinente que dans les abus de pouvoir qu’elle révèle. C’est un sujet éminemment politique. Il s’agit de régler son compte à un système, pas de régler ses comptes. 

Quand vous constatez des comportements inadmissibles, il est sain de s’engager pour les combattre. Ou peut se contenter de s’en lamenter ou bien, on peut mouiller le maillot, mettre les mains dans les cambouis et s’opposer politiquement à des pratiques qu’on déplore. Il n’y a rien de strictement personnel entre Martine Aubry et moi. Nos rapports directs sont maintenant inexistants. Ces fameuses querelles personnelles sont toutes des affaires politiques. 

Même celle de la Maison Photo, qui, il est vrai, me touche plus personnellement, est réellement un sujet de politique culturelle : je m’en suis expliquée, l’exemple du non-soutien à ce projet au coeur d’un quartier prioritaire est pour moi le symptôme d’une politique culturelle centrée sur les “paillettes” et l’événementiel, au détriment du travail de fond engagé depuis des années par tous les acteurs des quartiers. Quel élu voulant le meilleur pour sa ville pourrait par simple calcul politique choisir de faire fermer un établissement ? S’il y a bien un règlement de compte, c’ est le fait de Martine Aubry et il est politique. 

Le sujet, puisqu’il s’agit de rétorsions, de calomnies, de tentatives d’intimidations, intéresse à ce titre tous les citoyens concernés par le fonctionnement démocratique. Régler son compte à ce système, cela fait tout bonnement partie de mon programme. Il consiste aussi à aller bien au-delà, puisqu’une alternative ne peut pas se contenter de détricoter. J’espère contribuer grandement à ce qu’une page se tourne, il est temps, mais j’ai bien plus d’ambitions que ça : incarner concrètement un renouveau. Sur le système actuel, mon expérience personnelle est, je le crois, instructive. Une femme avertie en vaut deux… En parler, c’est aussi prendre un engagement noir sur blanc. celui de ne pas reproduire ces comportements, coups tordus ou tambouilles électorales. J’ai voulu partager certains temps forts de mon parcours susceptible d’éclairer le lecteur sur mon expérience, les racines de mes convictions et de mes valeurs. Un parcours parfois chaotique avec un fil rouge : le rejet constant du sectarisme et de la pure idéologie, une position qui m’a amenée dans un premier temps à m’éloigner du microcosme municipal, puis à le combattre, à la loyale, quitte à en payer le prix. Toutes les expériences sont complexes, et rien n’est jamais tout blanc ou tout noir. J’ai aussi de beaux souvenirs de la mairie, de l’ère Aubry, qui n’a pas toujours été ce qu’elle est, et j’ai appris. J’ai la même flamme, les mêmes indignations, les mêmes espoirs. L’expérience en plus. 

La notion de majorité relative à l’Assemblée Nationale a eu cet avantage de nous inciter à inscrire notre action dans le moment présent, nous ne sommes pas assurés de conserver notre siège pendant cinq ans ; nous n’avons pas la certitude de ne pas avoir à repasser par la case élection dans quelques semaines, quelques mois… Impossible de miser sur une situation de rente. Il faut s’investir au quotidien, s’impliquer réellement si l’on veut le faire bien, penser à la fois à long terme et obtenir rapidement des résultats. Il ne faut pas redouter de déplaire, ni renoncer à convaincre. Quand je vois la réaction de la majorité à l’annonce de la candidature de Roger Vicot, député Lommois de la 11ème circonscription pour les municipales 2026, je suis encore plus convaincue qu’il faut changer de système : non seulement Martine Aubry s’est révélée incapable de se trouver et de former un potentiel successeur digne de ce nom, mais elle essaye de détruire ceux qui aurait la prétention de lui succéder. Cela fait sourire, c’est surtout déprimant. 

Lille a profondément changé sous l’ère Pierre Mauroy, puis lors des premières années du règne de Martine Aubry. Aujourd’hui, elle se repose sur ses acquis, sans apporter de réponses aux grands défis. Les problèmes sociaux, écologiques, d’urbanisme, de sécurité, sont plus préoccupants qu’il y a 15 ans. J’ai évoqué l’abstention qui a sanctionné l’échec de la municipalité. Même si cette abstention n’est pas un particularisme géographique, elle touche particulièrement Lille alors que cette grande métropole a des atouts uniques : son histoire, son patrimoine culturel, immobilier ou industriel, sa proximité avec Paris, son tempérament fort, bien distinct de celui de la capitale, ses entrepreneurs, son tissu associatif, pourtant bien mal considéré, son passé qui la positionne au cœur des enjeux de réindustrialisation, ses talents qui continuent à imaginer le visage moderne de la cité. 

Je pense qu’il faut préparer dès maintenant la candidature de la majorité présidentielle à la mairie de Lille en 2026. Après quatre mandats de Martine Aubry, la démocratie locale est exsangue. La municipalité n’a plus d’imagination depuis longtemps. Elle n’a plus de vision, n’est pas à la hauteur des grands enjeux. La LFI, qui réalise des scores élevés dans certains quartiers, s’est illustrée par son outrance et par ses déboires. Elle n’est pas une opposition constructive au PS. Ces deux gauches incarnent deux formes de sectarisme. Quant aux écologistes, avec lesquels j’ai cru naïvement un temps une alliance possible, ils se démarquent pas un sectarisme caricatural, incapable de se mettre autour d’une table pour trouver des solutions concrètes et rassembleuses aux problématiques des Lillois, sous le seul prétexte qu’on ne doit pas parler à des “Macronistes”. Ils se compromettent aussi au niveau local comme national avec une extrême-gauche radicale, anti-institutions, ambigüe sur les condamnations des violences, et perdent ainsi je crois, la confiance d’un électorat soucieux du climat, mais aussi très républicain.

Dans ce contexte, je crois que notre projet pour “Faire Respirer Lille” incarne plus que jamais une nouvelle promesse. Pour être souvent à Paris, je peux affirmer sans mal que la convivialité associée aux Lillois et aux gens du Nord, n’est pas un cliché. Par essence, Lille est une ville vouée au vivre-ensemble, qui peut conjuguer comme nulle autre, traditions et avenir, dans un cadre de vie humain, dynamique, solidaire. C’est ce vivre-ensemble que je veux incarner. Il est une absolue priorité. Il oblige à imaginer dans son ensemble la ville de demain, son habitat, ses espaces verts, ses lieux de proximité, ses passerelles entre quartiers, l’attractivité de secteurs délaissés, la sécurité au quotidien, le renouveau des infrastructures, la coordination de services décentralisés, la vitalité culturelle. Lille doit réapprendre à inventer ses propres événements, d’envergure et à échelle humaine, à portée de tous ses habitants. La ville doit encourager ses talents locaux, si nombreux. Sa circulation, son urbanisme, la place essentielle de ses commerçants, le rôle fondamental de ses entrepreneurs locaux, doivent être pensés avec une vision d’ensemble reposant sur la concertation.  

Forte de mon expérience, pour 2026, j’aiderai notre collectif et la personne qu’il désignera comme candidat, à porter une autre façon de faire de la politique à Lille. Mais au-delà des constats, je veux que nous puissions à nouveau soutenir un projet, des propositions. Et nous distinguer ainsi de ceux qui déplorent des situations et qui au fond ne proposent rien. Ou de ceux qui proposent le grand soir par un grand repli intolérant et une vision passéiste de la ville, autre retour en arrière, étayé par des idées irréalistes et rétrogrades. Nous aurons l’occasion, le temps venu, comme je l’ai fait avec « Faire Respirer Lille », d’exposer aux Lillois notre nouveau projet pour la ville.

D’ici-là, je continuerai à agir dans le cadre de mon mandat de députée représentant Bondues, Lille, Marcq-en-Barœul, Mouvaux et Tourcoing. C’est une expérience incomparable, qui m’a permis déjà d’agir vraiment, à travers les travaux parlementaires que j’ai évoqués sur la violence, la lutte contre la désinformation et l’éducation critique aux médias, mais aussi les sujets économiques et sociaux.

C’est un challenge qui, pour tout dire, ne froisse pas ma nature et n’entame pas mes convictions. Il me passionne !

Je ne lâcherai rien. 

Remerciements 

« L’autre mur » est un premier livre, que j’ai écrit en presque 2 ans de travail, et grâce à des proches qui m’ont soutenue, encouragée, et critiquée. 

Je tiens à remercier mes amis Isabelle, Stéphane, Christophe, Louis-Dominique, Pascal, Arnaud, et bien sûr ma famille : Marite ma mère, et Olivier mon mari, sans lesquels ce projet n’aurait pas pu se concrétiser.

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6 mars 2025