Mission flash « Education critique aux médias »

Violette Spillebout & Philippe Ballard, co-rapporteurs de la mission parlementaire d’éducation aux médias

Mission flash « Education critique aux médias » (novembre 2022/février 2023)

Commission des Affaires Culturelles et de l’Education

Rapporteurs : Mme Violette Spillebout (RE) et M. Philippe Ballard (RN)

Administratrices : Mme Inès Fauconnier et Mme Julie De Clerck

Chaque commission permanente de l’Assemblée nationale peut décider de la création de missions d’information donnant lieu à des auditions et à un rapport sur un thème particulier (ces missions peuvent aussi être communes à plusieurs commissions). Une « mission flash » consiste en une mission d’information d’une durée plus courte, de 6 à 8 semaines, et qui peut avoir à répondre à un sujet d’actualité. Elle donne lieu à une communication des rapporteurs devant la commission, et à la publication d’un document de synthèse de quatre pages rassemblant les constats et propositions nés de la mission.

  I.     Contexte de la mission

         Les évolutions de la société sont marquées par l’accroissement et l’accélération des flux d’informations, et par une accessibilité facilitée aux informations issues d’une très grande diversité d’acteurs, notamment de particuliers identifiés ou anonymes.

         Dans ce contexte de profondes transformations des modes de production, de diffusion et de consommation de l’information, la Direction générale des médias et des industries culturelles (DGMIC) du ministère de la Culture a souhaité en 2018 disposer d’un diagnostic approfondi sur les pratiques de consommation de l’information par les jeunes générations (15-34 ans). Pour ce faire, elle a confié le soin à Médiamétrie de produire une analyse de ces pratiques.

         L’étude constate que les jeunes sont plus équipés en terminaux mobiles que la moyenne (les 15-34 ans sont 89,9 % à détenir un smartphone, contre 69,2 % des 15 ans et plus) et davantage connectés (97 % des 15-34 ans ont accès à Internet, contre 93% de l’ensemble de la population).

         Importants consommateurs de contenus d’information en mobilité, les jeunes font en particulier un usage intense des réseaux sociaux :

–   71% des 15-34 ans consultent quotidiennement l’actualité via les réseaux sociaux, ces derniers étant, pour cette génération, le premier mode d’accès à l’information ;

–   32% des 15-34 ans passent uniquement par les réseaux sociaux ou les moteurs de recherche pour accéder à des contenus d’information en ligne.

         L’étude montre également que, contrairement aux idées reçues, les jeunes s’intéressent beaucoup à l’actualité, puisque 93 % d’entre eux déclarent s’intéresser à l’information, selon une intensité plus ou moins élevée. Par ailleurs, 34% des jeunes de 15 à 34 ans déclarent avoir bénéficié d’une action d’EMI dans le cadre scolaire (expériences de création de médias, séances de visionnage et de décryptage de vidéos d’information, participation à la semaine de la presse et des médias à l’école…).

         Alors que de nombreux jeunes expriment leur intérêt pour l’actualité, ce chiffre de 34% doit nous inciter à poursuivre l’effort engagé en faveur de l’EMI lors du dernier quinquennat (avec le doublement des moyens consacrés), mais nous impose également de trouver les moyens d’élargir la cible de l’EMI, notamment pour les jeunes les plus éloignés de la citoyenneté.

         Le ministère de la Culture soutient depuis 2015 le développement de l’éducation aux médias et à l’information (EMI) à destination de tous les publics, jeunes et adultes, sur tous les territoires. Il a notamment mis en place, à partir de 2016, un programme de résidences de journalistes et a intensifié son action à partir de 2018 avec la mobilisation de moyens financiers accrus et la mise en œuvre d’un plan d’éducation aux médias.

Les priorités et objectifs de ce plan sont les suivants :

–   Le décryptage des infox, la maîtrise de l’orientation dans les différentes sources d’information, la compréhension des mécanismes d’influence qui sont en jeu ;

–   La déconstruction des théories complotistes diffusées massivement en ligne et la lutte contre les contenus haineux ;

–   La compréhension du travail journalistique, du fonctionnement des médias et des écosystèmes numériques ;

–   Le développement de l’esprit critique face à la désinformation scientifique.

II.     Objectifs de la Mission Flash

         Les rapporteurs de la mission souhaitent prendre leur part à cette éducation primordiale des jeunes à l’esprit critique et au décryptage de l’information, dans un objectif de développement et d’accès pour tous à la citoyenneté. Cette éducation passe par la lutte contre les fausses informations (infos ou fake news), la neutralité des médias dans le traitement de l’information et la lutte contre l’autocensure des journalistes, notamment des jeunes professionnels du secteur.

         Les rapporteurs souhaitent donc, par le biais du travail de la mission :

1.  Contribuer à la citoyenneté, pour faire des jeunes de futurs citoyens libres et éclairés, ce qui constitue une composante importante de leur adhésion aux valeurs de la République ;

2.  Participer à la formation des jeunes en éveillant leur curiosité intellectuelle, en développant leurs capacités d’analyse et de discernement, en leur apprenant à distinguer les faits et leurs interprétations et plus généralement à s’informer et analyser avant de juger ;

3.  Participer à la lutte contre la radicalisation et l’embrigadement, dont les réseaux sociaux sont trop souvent les instruments ;

4.  Rendre l’EMI accessible à tous et sur tous les territoires, dans une dynamique d’égalité des chances et d’inclusion. Pour cela, aller vers tous les jeunes et associer les familles, en particulier vers les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville et les territoires ruraux ;

5.  Dans le cadre de l’extension du Service National Universel, contribuer à la conception des contenus pédagogiques en termes d’éducation critique aux médias dans les modules socles du séjour de cohésion républicain.

6.  Enfin, participer de manière décisive aux « Etats Généraux de l’Information », par des avancées législatives sur la sécurisation et le rôle de la presse française et en amenant des réflexions relatives à l’implication des journalistes et des médias dans l’EMI sur les territoires.

 III.     Méthode de travail

Les rapporteurs souhaitent réaliser un état des lieux du paysage actuel de l’éducation aux médias et à l’information en France, avec :

–   Une cartographie des acteurs de l’EMI actuels et de leur champ d’action (public, fréquentation…) ;

–   Un recensement des contenus et des donnés pédagogiques, en vue de produire une analyse des validations pédagogiques possibles et des ressources disponibles ;

–   Une analyse des points de progrès par rapport aux 6 objectifs de la mission.

Leur but : opérer 10 propositions pour agir dans la voie d’un renforcement de l’éducation aux médias et à l’information (recommandations, décret, propositions de lois, amendements, actions).

Le travail de la mission s’organisera en deux phases :

–   Du 15 novembre au 15 décembre : tables rondes thématiques et entretiens ;

–   Du 15 janvier au 15 février : déplacements sur le terrain, en priorité dans les Hauts-de-France, où la diversité des territoires couverts par les circonscriptions des députés permettra d’apprécier les réalisations et marges de progrès possibles.

Remise des conclusions : mars 2023.

  IV.     Calendrier prévisionnel des travaux

Du 15 novembre au 15 décembre 2022 : tables rondes thématiques et entretiens

1. Table ronde – Politiques publiques menées par les ministères concernés par l’EMI

Mercredi 15 novembre de 13 à 15:00

2. Table Ronde – Actions engagées par la presse et les écoles de journalisme

3. Entretiens : universitaires et presse d’opinion

Mercredi 30 novembre 13h/15h – salle 6549 2e étage PB

4. Table-ronde – Actions menées par le secteur audiovisuel français

Mercredi 7 décembre 13h/15h – salle 3e bureau 1er étage PB

5. Table Ronde – Actions menées par les réseaux sociaux et le secteur du numérique

Jeudi 8 / Jeudi 15 décembre (à définir)

6. Table Ronde – Actions menées par les structures culturelles

Jeudi 15 décembre/ Autre date en décembre (à définir)

–   

Du 15 janvier au 15 février 2023 : rencontres et déplacements dans les territoires(En cours d’élaboration)
  • Bibliothèques
  • Collèges Média
  • Lycées
  • Centres sociaux : Marcq en Baroeul, Boilly Tourcoing
  • MJC
  • Associations d’éducation populaire et autres acteurs
  • La Condition publique, Roubaix

[1] Le législateur a confié à l’ARCOM la mission de veiller à ce que les chaînes et les plateformes contribuent à l’éducation aux médias et à l’information.

[2] Dans le cadre du lancement d’un groupe de travail de l’organisation sur la définition de la désinformation.

16 novembre 2022