CONSEIL MUNICIPALDÉPUTÉEMUNICIPALES 2020

L’autre mur – Préface

Par Serge Raffy

Au début de la lecture de ce livre, voire avant même de l’avoir entamé, on pense avoir affaire au énième ouvrage d’une élue nous narrant ses convictions politiques, entre journal de campagne et profession de foi. Au fil des pages, l’œil se fait plus attentif, surpris par la force de ce qui s’apparente à une confession. Puis vient la sidération. On se frotte les yeux, en s’interrogeant sur les révélations de la députée du Nord, sur le combat qu’elle mène pour ne pas sombrer dans le doute, dans le désespoir. Il faut avoir le cœur bien accroché pour résister à la violence qu’elle a subie durant ses années de mandat de députée, mais aussi de conseillère municipale d’opposition à Lille. Rumeurs malveillantes sur son intimité, coups tordus, menaces de mort, insultes quotidiennes, violences de tous ordres, menaces de lynchage, tripatouillages électoraux. Les Barons noirs sont partout. Comment ne pas tout lâcher quand la vie a des allures de calvaire et qu’on n’a qu’une obsession : protéger les siens, les éloigner de ce volcan toxique qu’est devenu aujourd’hui la politique. Bien sûr, Violette Spillebout n’est pas un cas isolé. Elle fait partie de la multitude d’élus victimes d’un incivisme exacerbé par le « chacun pour soi », le « tout tout de suite », les extrémismes de tous bords. Nombre d’entre eux, maires ou conseillers départementaux, ont quitté le navire, partis vers des mers plus clémentes. Mais pas elle. 

La dame a tenu bon. Elle a décidé d’affronter la tempête. De tout raconter, dans le moindre détail.  De dérouler comme un parchemin l’aventure citoyenne qu’est le combat politique, transformée, hélas, au fil des années, en chemin de croix. Il y a un côté entomologiste de l’action publique chez Violette Spillebout. Elle ne dissimule rien, livre son journal de bord avec une précision d’archiviste. Elle est un témoin précieux d’un monde qui pourrait bien s’effondrer si nous n’y prenons pas garde. Or, il y a urgence à agir. 

C’est le constat lucide que la députée du Nord fait dans cet ouvrage. Les collectivités territoriales ne sont pas, bien sûr, au bord de la guerre civile, mais elles s’en approchent. Sans être alarmiste, elle envoie, à sa manière, bienveillante et positive, des fusées de détresse. Il faut donc réagir, faire des propositions concrètes pour que les nouvelles générations aient le goût du bien public, pour que leurs aînés ne travaillent plus la peur au ventre. Utopique ? Le travail sera long et difficile. C’est le sens du combat de l’élue lilloise. Et aussi le sens de son ouvrage aux allures de sauve-qui-peut, mais aussi de vade mecum pour une République en paix avec elle-même. 

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