COMMUNIQUÉSDÉPUTÉE

Ma position sur l’interdiction de la corrida

Ce jeudi 24 novembre, à 17H30, Aymeric Caron a décidé de retirer sa proposition de loi destinée à abolir la corrida en France, pour en déposer une plus tard, qui ait plus de chances d’aboutir, “transpartisane”.

Nous n’avons donc pas pu, malgré le travail en commission, exprimer nos positions de vote en hémicycle ce jour et prendre nos responsabilités.

Très sollicitée par de nombreux habitants de ma circonscription et du Grand Lille, j’avais préparé mon explication de vote. Je vous la partage donc ce soir, afin que tous ceux qui m’avaient interrogée puissent avoir un éclairage politique sur ce sujet.

Pourquoi je vote pour l’interdiction de la corrida ?

Ce Jeudi 24 novembre, le député de La France Insoumise Aymeric Caron dépose une proposition de loi (PPL) pour interdire la corrida.

Cela fait plusieurs semaines que je m’interroge sur ma position de vote. 

Très sensible au bien-être animal, j’avais plutôt envie de voter Pour cette PPL, sans pour autant vouloir cautionner la vision de la société que tentent de nous imposer LFI et la Nupes. 

J’ai d’abord imaginé ne pas prendre part au vote, estimant que ce sujet n’était pas la priorité des Français, et estimant que ce n’était pas à moi, dans une région non concernée par la corrida, d’imposer ma vision à ceux qui la pratique. En effet, je n’ai jamais assisté personnellement à une corrida, j’habite dans la métropole lilloise, bien éloignée des réalités de ces pratiques historiques du Sud de la France. 

Malgré tout, je partage avec de nombreux français la conviction profonde que nous devons tous mettre en priorité la bientraitance des animaux, le respect du vivant, et cesser en cohérence toutes les pratiques qui impliquent une souffrance animale quelle qu’elle soit.

En travaillant le sujet, j’ai finalement décidé de voter Pour l’interdiction. Voilà pourquoi.

J’ai reçu comme tous les députés, des messages-type envoyés par de nombreux électeurs, des incitations, des pressions, des menaces même, mais rien de tout cela ne m’a impressionnée. Je trouve même que ces manœuvres politiciennes téléguidées par la Nupes desservent la cause. 

Ce qui m’importe, c’est le fond.

Cette proposition de loi, déposée par Aymeric CARON le 20 septembre 2022 puis redéposée le 11 octobre 2022 et cosignée par 96 députés au total [les 75 députés LFI, 20 députés Écologistes sur 23 et 1 député LIOT], vise à interdire la corrida en supprimant les dispositions qui, au sein du onzième alinéa de l’article 521-1 du code pénal et du second alinéa de l’article 522-1 du code pénal réprimant les sévices graves contre les animaux domestiques ou tenus en captivité, maintiennent une dérogation s’agissant des courses de taureaux « lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée »

Plusieurs PPL ont déjà  été déposées – sans être encore examinées  :
· à l’Assemblée Nationale [quinzième législature] : M. Philippe MICHEL-KLEISBAUER, MoDem [2018, interdiction de la corrida et des combats de coqs] ; M. Éric PAUGET et huit autres députés LR [janvier 2021, interdiction de la seule corrida] ; au Sénat : le groupe Écologiste (GEST) [septembre 2021, interdiction de la corrida et des combats de coqs] ; Mme Samantha Cazebonne (RDPI) a porté, à l’AN puis au Sénat, un positionnement consistant dans l’interdiction de la corrida et des combats de coqs aux mineurs de 16 ans. Hors niveau législatif, une tribune de 36 députés (dont 33 des groupes de la majorité présidentielle et 3 du groupe LR ; 4 des Bouches-du-Rhône et du Var) soutenant l’interdiction de la corrida est parue au JDD le 31 juillet 2021D’après un sondage de l’Ifop de septembre 2021, quatre français sur cinq sont opposés à la corrida (81%) et une même proportion approuve que son accès soit interdit aux enfants de moins de 14 ans. Si les habitants des villes taurines sont majoritairement défavorables à une interdiction complète de la corrida (32% y sont favorables), ces mêmes habitants sont nombreux à souhaiter la fin de la mise à mort du taureau (61%) ou l’interdiction de cette pratique pour les moins de 13 ans (63%) (2022).

La position du groupe Renaissance : 

Le groupe Renaissance rappelle dans le débat parlementaire son attachement commun aux traditions et aux libertés des territoires, à rebours de la philosophie clairement revendiquée par l’auteur-rapporteur de la PPL : nous ne partageons pas la vision de société d’Aymeric Caron faite uniquement d’interdits : élevage, viande, chasse…

Nous nous sommes entendus au sein du groupe pour conserver sur ce texte une liberté de vote.

Dans une tribune dans le JDD, plus de deux cents élus, dont Christophe Castaner et Bruno Retailleau, défendent la corrida et s’opposent à « l’écototalitarisme ». Défenseurs et adversaires de la tauromachie se sont mobilisés avant le vote de l’Assemblée nationale sur une proposition de loi visant à abolir cette pratique. « Nous croyons au progrès, à la lutte contre le réchauffement climatique, à la défense de la condition animale, et nous y travaillons ; mais cela ne doit pas servir d’alibi pour effacer nos singularités culturelles, nos marqueurs régionaux, effacer la diversité de ce que nous sommes, bafouer le respect d’autrui et la fraternité qui fonde notre République », affirment-ils.

Ma position : 

Je suis d’accord avec cette expression, nous devons respecter nos marqueurs régionaux et nos singularités culturelles mais je ne pense pas que la corrida, qui consiste à mettre à mort lentement un taureau en public, puisse se résumer à un “marqueur régional”. 

Je comprends les élus des territoires taurins qui sont attachés aux férias et à leurs traditions. Le respect du patrimoine est important. Mais ils doivent réaliser que ces fêtes peuvent évoluer,  pour en supprimer la cruauté et la souffrance animale, et pour n’en garder que le spectacle familial.

Pour soutenir sa proposition, Aymeric Caron va trop loin. Il qualifie ceux qui soutiennent la corrida de “barbares”, en évoquant une « vision moyenâgeuse », une « dérive identitariste qui ne sait se remettre en question », un « séparatisme insidieux », une « tradition locale factice ». Les caricatures et la stigmatisation de ceux qui sont attachés à cette tradition historique des territoires n’honorent pas son combat.

Je n’ai rien de commun avec Aymeric Caron, je combats ses idées, sa vision de l’avenir, ses propositions politiques. Mais pour moi, même si nous ne sommes pas du même groupe politique, il faut savoir dépasser les clivages, surtout quand il s’agit de la protection des animaux.

Aussi je voterai POUR La Proposition de Loi d’interdiction de la corrida en France.


Mémo :

Rappellons ici sur les mesures votées par la majorité présidentielle en matière de lutte contre la maltraitance animale

– La lutte contre les abandons d’animaux domestiques ;

– Le renforcement des sanctions contre la maltraitance des animaux domestiques ou apprivoisés ou en captivité (notamment, augmentation de la peine prévue pour les sévices graves ou les actes de cruauté commis sur ces animaux ; transformation en délit de la contravention d’atteinte volontaire à leur vie)

– L’interdiction d’ici 2028 de la détention et du spectacle d’animaux sauvages dans les cirques itinérants et, à compter de 2026, des spectacles de dauphins ou d’orques ;

– L’interdiction de l’élevage des visons et autres espèces sauvages pour leur fourrure ;

– L’extension de la maltraitance animale en élevage aux activités de transport et d’abattage

– La fin du broyage des poussins et de la castration à vif des porcelets.