Pourquoi nous voulons réserver les repas Crous à 1€ aux étudiants boursiers et précaires
“J’assume donc d’avoir voté contre la Proposition de Loi du #PS du 9 février, proposition de loi qui n’a donc pas été votée par l’Assemblée Nationale, et je suis très satisfaite que notre groupe Renaissance ait pu dès le lendemain déposer une PPL visant à inscrire dans la loi le repas Crous à 1€ pour les étudiants boursiers et les plus précaires. Cette PPL sera examinée très prochainement à l’Assemblée Nationale.”
Depuis 2019, j’ai été très souvent interpellée sur la précarité étudiante, c’est un sujet auquel je suis très sensible. J’ai rencontré ces dernières années le CROUS de Lille, l’Université de Lille, l’Université catholique de Lille, les associations d’aide alimentaire telles que la Croix Rouge et les épiceries solidaires. Je suis bien consciente que beaucoup d’étudiants ont été soumis à rude épreuve depuis plusieurs années, du fait de la crise du Covid d’abord, puis de la guerre en Ukraine, dont les conséquences se font ressentir directement sur leur budget. C’est pour cela que j’ai étudié avec grande attention cette PPL sur l’inscription dans la loi du repas CROUS à 1€.
Chaque proposition de loi que nous discutons à l’Assemblée Nationale touche des sujets complexes : enjeux budgétaires, cibles concernées, justice sociale, égalité devant la loi, capacité de mise en œuvre… Il ne faut pas, comme nos opposants le font maintenant systématiquement, hystériser les débats et caricaturer les choix politiques, en se limitant à une lecture simpliste. Chaque décision, loi, amendement voté engendre des impacts forts sur tout un système, en l’occurrence ici le fonctionnement des CROUS en France.
Si la précarité étudiante reste d’une criante actualité, nous ne pouvons pas mettre sur le même plan les étudiants les plus précaires et les autres : certains n’ont pas besoin du CROUS pour se nourrir pendant leurs études. Ce sont ceux qui sont entourés de parents plus aisés et qui peuvent se permettre d’acheter un repas, d’aller au café ou au restaurant. Pour ces derniers, il ne serait pas juste que le contribuable français paye 80% du prix du repas, au détriment d’une autre politique sociale.
Pour moi, toute tarification sociale du repas doit donc être juste et s’appliquer à ceux qui en ont le plus besoin. Créer une tarification pour tous à 1€, ce serait privilégier certains étudiants qui n’en ont pas forcément besoin, en prenant des places dans des restaurants du CROUS déjà en grande partie saturés dans la réalité, qui n’ont pas la capacité d’accueillir tous les étudiants. Déjà aujourd’hui, à Lille, dans ma ville par exemple, les restaurants universitaires sont bondés avec des files d’attente immenses ; avec les repas à 1€ pour tous, ce serait vraiment pire et priverait les étudiants boursiers, précaires et étrangers de l’accès à ces repas.
Je tiens à rappeler que c’est la majorité présidentielle qui a mis en place cette tarification très sociale, dès 2020, lors de la pandémie. D’abord ouvert à tous, ce dispositif a ensuite été réservé aux étudiants précaires. 20 millions de repas à 1€ ont été servis en 2021, 18 millions en 2022.
Tous les autres étudiants bénéficient eux du tarif à 3,30€. Ce tarif est également un tarif social, car chaque repas coûte à l’Etat et donc au contribuable 7 à 9€ en réalité. Et pour protéger tous les étudiants, ce tarif a été gelé depuis 2019. Pour mon pays, je suis fière de cette offre de restauration sociale et de qualité à destination de nos étudiants : elle est unique en Europe !
Aujourd’hui, du fait de l’inflation, le coût réel de ces repas oscille donc entre 7 et 9€. Cette offre de restauration des CROUS, qui doit rester de qualité, est donc par nature déficitaire et c’est l’État via sa subvention pour charge de service public qui compense ce déficit. Elle est fortement à charge du contribuable.
C’est pourquoi nous, les députés, avons d’ailleurs voté pour l’augmentation des moyens des CROUS dans le budget 2023, ainsi que ceux dédiés au conventionnement avec d’autres restaurants administratifs pour les étudiants qui ne disposent pas de resto U à proximité : hausse de 33%.
Cette mesure du repas Crous à 1€ pour les étudiants boursiers et les plus précaires, notamment certains étudiants étrangers, pratiquée depuis 2020 n’était pas encore inscrite dans la loi. Nous avions l’occasion ce jeudi 9 février de la sanctuariser : notre groupe Renaissance avait proposé des amendements de réécriture pour que tous les étudiants boursiers et défavorisés puissent y avoir accès de façon pérenne, nous agissions en responsabilité.
Nous regrettons que la #NUPES n’ait pas voté ces amendements et soit restée sur des positions dogmatiques, et irresponsables pour le budget de l’Etat.
J’assume donc d’avoir voté contre la PPL du #PS du 9 février, proposition de loi qui n’a donc pas été votée par l’Assemblée Nationale, et je suis très satisfaite que notre groupe Renaissance ait pu dès le lendemain déposer une PPL visant à inscrire dans la loi le repas Crous à 1€ pour les étudiants boursiers et les plus précaires.
Cette PPL sera examinée très prochainement à l’Assemblée Nationale.
Pour mémoire, la lutte contre la précarité étudiante et pour l’amélioration de leurs conditions de vie a guidé notre action depuis le début de ce mandat. Voici et les mesures mises en œuvre pour la rentrée 2022:
– La revalorisation de 4% des bourses sur critères sociaux ;
– L’augmentation des APL de 3,5% ;
– Le gel des droits d’inscription à l’université et des loyers des CROUS ;
– Le versement d’une aide exceptionnelle de solidarité de 100€ ;
– La pérennisation des chèque psy ;
– L’accès gratuit aux protections périodiques et à la contraception pour les moins de 26 ans…
Parallèlement à ces aides individuelles, nous avons augmenté les moyens des CROUS et des SSU pour leur permettre d’embaucher plus de psychologues, plus d’assistantes sociales. Nous avons développé les postes de tuteur et de référent qui sont autant de petits boulots accessibles sur les campus. Nous avons dédié une aide de 10M€ aux associations d’aide alimentaire à destination des étudiants.