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Tribune : « Culture : préférons l’ambition à la perfusion ! »

« 𝗖𝘂𝗹𝘁𝘂𝗿𝗲 : 𝗽𝗿𝗲́𝗳𝗲́𝗿𝗼𝗻𝘀 𝗹’𝗮𝗺𝗯𝗶𝘁𝗶𝗼𝗻 𝗮̀ 𝗹𝗮 𝗽𝗲𝗿𝗳𝘂𝘀𝗶𝗼𝗻 ! »

En période de contrainte budgétaire, la culture doit participer à l’effort général de redressement des finances. Mais pour les députés (Les Deputes Renaissance) Violette Spillebout et Alexandre Holroyd (AlexI Holroyd), cela n’interdit ni l’ambition, ni la sobriété écologique ni le rééquilibrage territorial.

Ces dernières années, notre modèle culturel a été mis à rude épreuve par des crises mondiales : pandémie, inflation, coût de l’énergie… Face à ces chocs, l’État a toujours répondu présent, en protégeant nos savoir-faire, nos compétences, nos emplois. Nous revendiquons ce choix car protéger coûte moins cher que réparer.


Ces dernières années, notre modèle culturel a été mis à rude épreuve par des crises mondiales : pandémie, inflation, coût de l’énergie… Face à ces chocs, l’État a toujours répondu présent, en protégeant nos savoir-faire, nos compétences, nos emplois. Nous revendiquons ce choix car protéger coûte moins cher que réparer.

Mais cette protection a eu un coût, qui nous contraint à la responsabilité collective, pour, comme le porte Bruno Le Maire, redresser rapidement et puissamment nos finances publiques. Cela passe par la fin de la perfusion à l’argent public partout, y compris dans la culture, qui reste parfois dispendieuse, souvent inégalitaire ou inefficace. La culture mérite l’ambition ! Les enjeux sont multiples : numérisation, intelligence artificielle, économie du partage, essor des plateformes, transition écologique…

Il est temps de faire des choix courageux.

Pour la sécurité des artistes et des associations. La majorité des acteurs de la culture vivent dans la précarité quand d’autres bénéficient de rémunérations extravagantes. Nous devons promouvoir la transparence sur les salaires, questionner leur pertinence, et en limiter les écarts. Revoyons notre approche de la production des spectacles, en y intégrant les temps nécessaires à leur genèse. Demandons aux collectivités d’arrêter de produire les évènements et de se concentrer sur le conventionnement pluriannuel des acteurs des territoires.

Pour un véritable rééquilibrage territorial. L’écart de dépenses culturelles par habitant entre la province et Paris, est de 1 à 3. Renforçons le soutien aux quartiers et à la ruralité. Dans chaque établissement national subventionné, dédions une part du budget annuel à l’égalité des chances. Réorientons les aides aux grands festivals urbains vers ceux de nos territoires ruraux. Ciblons le pass culture sur les publics prioritaires éloignés de la culture. Privilégions l’irrigation de la culture dans toute la société.

Pour une offre culturelle sobre et écologique. La surproduction culturelle a une empreinte écologique mortifère. Produisons moins et mieux, priorisons le « recyclage » culturel des œuvres et productions. Réduisons le nombre de productions annuelles au profit de l’itinérance, avec un mouvement de l’art vers le public. Limitons les grands événements.

Pour une mutualisation sur les territoires. La logique d’appels à projets encourage la concurrence entre les structures et les fragilise au détriment du fonctionnement durable. Maximisons les ressources en soutenant les coopérations territoriales et en mutualisant les moyens. Demandons aux DRAC de piloter une stratégie dans chaque département, pour porter des scenarii collaboratifs innovants.

Pour un emploi culturel accessible à tous. Les grands établissements d’enseignement artistique public sont souvent en difficulté financière. Repensons leur modèle avec une réforme adaptée à l’ère de la transformation numérique.

Les efforts doivent certes participer à réduire la dette, mais surtout bénéficier à la culture elle-même, à la refondation d’un système plus juste : nous avons tant besoin de développer dans les déserts culturels une citoyenneté de l’intelligence et du savoir.

Promouvoir une culture de l’équité et de la responsabilité financière, sobre et durable, est un impératif. Nous sommes déterminés à accompagner l’élaboration d’un nouveau modèle culturel, audacieux, courageux, inventif.

Ouest France du 15/04/2024 : POINT DE VUE. « Culture : préférons l’ambition à la perfusion ! »