Dans une offensive médiatique inédite, la députée lilloise Violette Spillebout a décidé de sortir du silence contre ceux qui auraient agi pour ne pas qu’elle occupe le fauteuil de ministre de l’Éducation nationale.
Pressentie rue de Grenelle jeudi, l’élue de la 9e circonscription du Nord a été écartée du gouvernement vingt-quatre heures plus tard par le nouveau Premier ministre Michel Barnier. Sur plusieurs plateaux de télé ce lundi matin, Violette Spillebout a évoqué des « vents contraires » venus du Nord qui auraient agi contre sa nomination. La veille, auprès de l’AFP, elle pointait même la responsabilité des « barons noirs du Nord », sans plus de précision.
« Ce qui s’est passé est très grave, dénonce-t-elle, contactée par La Voix du Nord. Je vais soutenir le gouvernement. Ce n’est pas la question. Mais ce qui s’est passé ne doit pas être une anecdote. »
Le nom de la porte-parole des députés Renaissance avait été écrit sur la « liste de courses » de Gabriel Attal, en vue de la composition du gouvernement Barnier. Message entendu puisque le Premier ministre l’appelle en personne jeudi 19, après sa réunion avec les chefs des groupes politiques alliés, pour lui proposer l’Éducation nationale. Celle qui a fait du dossier de l’éducation aux médias un cheval de bataille accepte aussitôt et, sur les conseils de Michel Barnier, commence à se préparer. Des ex-ministres, tel Jean-Michel Blanquer, lui proposent leur aide pour constituer son équipe.
Douche froide
Nouvel appel du Premier ministre, vendredi vers 15 h. Cette fois, c’est la douche froide. Non seulement, Violette Spillebout n’ira pas rue de Grenelle, mais elle ne fera pas partie du gouvernement tout court. Michel Barnier aurait évoqué des « pressions » qui rendaient impossible le maintien de sa proposition.
De quelles pressions parle-t-il ? Le Parisien évoque une intervention de Gabriel Attal en faveur de la députée des Français de l’étranger Anne Genetet, qui a été nommée à l’Éducation nationale. L’information est démentie par d’autres sources, qui insistent sur le soutien accordé au contraire par le président du groupe Ensemble pour la République à la candidature Spillebout.
À l’inverse, Violette Spillebout assure que nombre de ses éminents collègues – Attal, Darmanin, Le Maire… – se seraient mobilisés pour sa réintégration dans l’exécutif.
Une « intervention du Nord très puissante » ?
Donnant gage à d’autres bruits, l’ex-directrice de cabinet de Martine Aubry, aujourd’hui candidate pour la succession de la maire de Lille, pointe le doigt vers une « intervention du Nord très puissante ». « Quand on brigue Lille, les vents contraires sont d’une violence insoupçonnable », ajoute-t-elle, suggérant une basse manœuvre venue du marigot lillois. Ces soupçons, l’élue n’a pour l’heure aucun moyen de les étayer. Et pourrait à l’inverse donner l’impression d’user de cette séquence pour avancer sur l’échiquier des municipales.
De fait, les socialistes n’ont pas tardé à réagir. «Cela va donc être encore à cause de MartineAubry? On a déjà lu et entendu beaucoup de choses délirantes et hallucinantes. Je m´inquiète pour vous ! C’est dur pour vous de regarder du côté de vos propres amis ?», a ironisé sur X l’adjointe au maire Charlotte Brun.
Violette Spillebout, qui entend « clore » cette polémique, veut désormais rebondir à l’Assemblée nationale. Elle a pris contact avec l’entourage de la nouvelle ministre des Territoires, Catherine Vautrin, pour faire avancer sa proposition de loi sur le statut de l’élu local, élaborée avec le socialiste Stéphane Delautrette et jugée recevable par le bureau de l’Assemblée.