Ces parlementaires que tout oppose ont un projet commun: travailler sur une mission d’information sur le statut de l’élu, et la lutte contre les violences qui leur sont faites.
Un verre de vin pour cet élu communiste, un Coca Light pour cette macroniste. Il est 13 heures quand les députés Sébastien Jumel et Violette Spillebout se retrouvent par une chaude journée de juillet entre les murs épais de l’Assemblée, à l’ombre d’un soleil caniculaire. Mais pas à l’abri des regards. «Qu’est-ce qu’ils font?», murmurent leurs voisins de table. Impossible de les manquer. Lui, tignasse rebelle, a son éternel blouson en cuir. Elle, cette chevelure rousse soigneusement peignée. Il se trouve que ces parlementaires que tout oppose ont un projet commun: travailler sur une mission d’information de la Chambre basse sur le statut de l’élu et la lutte contre les violences qui leur sont faites.
L’un comme l’autre ignore presque tout de son binôme, à peine se sont-ils écharpés sur un plateau télévisé. «On ne s’était jamais vraiment parlé, même pas dans les couloirs», raconte Sébastien Jumel. Mais très vite, le tandem se fait une promesse. «Tout de suite, on s’est dit l’un et l’autre que ce sujet était d’intérêt supérieur. Qu’il fallait l’appréhender sans posture politicienne de manière transpartisane», explique Violette Spillebout. De cet engagement naît plusieurs mois plus tard une proposition de loi transpartisane d’une dizaine de mesures.
Parmi elles, le durcissement des sanctions pénales contre les auteurs de violences envers les élus locaux ou la création d’une peine d’intérêt général en cas d’injures publiques sur ces mêmes dépositaires de l’autorité publique. Le texte a été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale, puis au Sénat, les deux chambres devant désormais trouver un commun accord. Le temps presse pourtant, près de 2 265 plaintes ou signalements pour des faits de violence verbale ou physique à l’encontre des élus ont été recensés en 2022, soit un bond de 33 % par rapport à 2021, selon le ministère de l’Intérieur.
Permanence saccagée
Violette Spillebout en a été victime. Lorsqu’elle se présente aux élections municipales de Lille en 2020, l’ex-directrice de cabinet de Martine Aubry reçoit une avalanche d’intimidations qui la suivent jusque dans son mandat d’élue d’opposition. Dans son livre, L’Autre Mur (Éd. Deuxième Lecture), la Nordiste de 51 ans se confie notamment sur le saccage de sa permanence parlementaire, les réunions publiques sabotées, les menaces de mort reçues et les rumeurs qui circulent à son sujet. «J’ai vécu toutes les formes de violence qu’un élu peut subir, à l’exception que je n’ai pas été frappée, résume-t-elle. Des violences invisibles, mais aussi des menaces sur mon entourage, les gens qui me soutiennent», qui lui ont permis d’être «à l’écoute» mais aussi de «recueillir un certain nombre de témoignages» par la suite. Des intimidations vécues en tant qu’élue de l’opposition: une expérience «particulièrement difficile», décrit-elle.
Lire l’article complet ici : Le Figaro du 23 février 2024, Par Wally Bordas et Célestine Gentilhomme