L’élue se dit « profondément choquée » par les propos du Premier ministre ces derniers jours, qui n’a « pas eu un mot pour les victimes » de Bétharram.

POLITIQUE – La chute de François Bayrou ne fait aucun doute. Ce lundi 8 septembre, les députés devraient massivement ne pas accorder leur confiance au chef du gouvernement. Toute la question est de savoir dans quelle proportion. Si le RN, le PS, les Écologistes, le PCF et La France insoumise prévoient unanimement de voter contre, la députée Renaissance Violette Spillebout vient d’annoncer qu’elle s’abstiendrait.
« J’ai pris une décision conforme à mon éthique politique », explique l’élue du Nord sur les réseaux sociaux, devenant ainsi la première membre du « bloc central » à prendre publiquement cette décision. Violette Spillebout révèle que le choix de l’abstention a été fait « indépendamment de [s]on groupe politique » et assure que cela ne « remet pas en cause [s]on soutien aux actions gouvernementales ».
Mais alors, pourquoi un tel affront au Premier ministre ? La députée n’a pas (du tout) apprécié les propos qu’il a tenus sur le plateau de C à vous samedi 6 septembre. « Bétharram était une terrible injustice. Ça a été un combat dur. Pour ma famille, c’était dégueulasse. C’est la seule chose difficile que j’ai vécue pendant ces neuf mois », a déclaré François Bayrou, avant de parler de « tribunal politique ».
Devant son poste de télévision, Violette Spillebout, co-rapportrice de la commission d’enquête parlementaire sur les violences en milieu scolaire, a fulminé. Elle se dit « profondément choquée » que le locataire de Matignon n’ait pas « eu un mot pour les victimes de violences physiques, psychologiques et sexuelles dans les écoles, et qu’il ait nié avec tant de mépris la qualité du travail transpartisan ». Pire : la députée du Nord juge que la sortie de François Bayrou constitue « une double insulte ». « Une insulte aux victimes, dont la détresse m’a bouleversée tout au long des quatre mois d’auditions, et une insulte aux députés qui ont voté à l’unanimité la création de la commission d’enquête sur les violences scolaires ». Face à ce déni, elle explique ne pas pouvoir « cautionner de tels propos ». Et ajoute : « Diriger un gouvernement nécessite une empathie envers nos concitoyens ».
Les victimes de Bétharram aussi remontées
Ce week-end, les victimes de Bétharram avaient aussi vivement réagi aux propos de François Bayrou. « Il est dégueulasse que, malgré les engagements pris, rien n’ait été fait », a attaqué Alain Esquerre, porte-parole du collectif.
Les désaccords entre François Bayrou et Violette Spillebout ne sont pas tout à fait nouveaux. Depuis qu’elle fait équipe avec Paul Vannier (La France insoumise), la députée est sous le feu des critiques, soupconnée d’être trop offensive à l’encontre du Premier ministre. Selon Mediapart, il aurait même manœuvré en coulisses pour tenter de faire capoter la candidature de la députée à l’élection municipale de Lille l’an prochain. Une source à Matignon confiait au site d’investigation : « Elle ne gagnera pas Lille, croyez-moi. Le Premier ministre en fera un sujet personnel ». Dans quelques heures, il ne sera très probablement plus Premier ministre.