À Mouvaux, les Carelide veulent faire du bruit « pour que tout le monde se bouge »
Impossible que leur entreprise, seul fabricant français de poches de perfusion de paracétamol, « ferme sans bruit ». Carelide à Mouvaux, c’est 425 employés, 130 intérimaires et une position stratégique en termes de santé publique. L’État les a entendus et promet une aide pour trouver un repreneur.
Ils ont décidé de se réunir chaque jeudi midi et soir devant leur entreprise. Pour le premier jour d’action, ce jeudi, ils étaient nombreux malgré le froid, brandissant une banderole, un message : « Sauvez-nous ». « Nous voulons faire du bruit intelligemment, annoncent les syndicats, unis dans la lutte pour la reprise de leur entreprise. Il faut que l’entreprise tourne, on n’est pas là pour tout bloquer. Mais il faut faire du bruit pour que tout le monde se bouge. C’est pas possible que ça ferme sans bruit… »
Ils le rappellent d’emblée : Carelide à Mouvaux, c’est 425 CDI et 130 intérimaires qui ont besoin d’être secourus par un repreneur viable. Parce que leur entreprise de fabrication de poches de perfusion, de paracétamol (si stratégique) notamment, seule structure française dotée de cette spécialité, est placée en redressement judiciaire. Et qu’en l’absence d’un repreneur capable d’injecter 25 millions d’euros, c’est la fermeture assurée.
Des excuses de l’État
Il y a bien une offre de reprise, mais « si on l’accepte, dans un an on est de nouveau dans la même situation désespérée, et le ministère de l’Industrie n’y croit pas non plus », clament les délégués syndicaux. Parce qu’hier, les Carelide étaient reçus à Bercy (ministère de l’Économie et des Finances), en compagnie de Roland Lescure, ministre de l’Industrie, sous l’impulsion de la députée du secteur, Violette Spillebout (lire par ailleurs). Des représentants de l’État qui ont commencé par s’excuser : cela fait un moment qu’ils sont sur le dossier Carelide, histoire de ne pas laisser tomber cette entreprise pharmaceutique stratégique pour l’indépendance sanitaire de la France, mais ils avaient oublié d’en informer les salariés. Qui se sentaient abandonnés. Les voilà donc rassurés : ils ne sont pas seuls.
Les ministères présents à la réunion se sont dits prêts à plusieurs actions : « Donner de l’argent pour accompagner un repreneur dans ses projets, se rapprocher des industriels susceptibles d’être intéressés et les pousser à visiter l’entreprise et tenter de gagner un délai supplémentaire pour l’offre de reprise (pour le moment fixée au 5 janvier) », détaillent les salariés délégués. Mais une limite a été fixée : « Les ministères ont été fermes sur le fait qu’il n’y aurait pas de nationalisation. S’il n’y a pas de repreneur solide, qu’ils sont prêts à aider de différentes manières, ils ne pourront plus rien faire… »
Pour Violette Spillebout, l’État est derrière l’entreprise et les salariés
Pour Violette Spillebout, la mobilisation continue, cette fois en direction de Paris. Mercredi, elle a accompagné une délégation de Carelide à Bercy. Il y avait là, entre autres, des représentants syndicaux du CSE avec leurs avocats, un expert comptable. « Nous avons rencontré et travaillé tout d’abord, dit-elle, avec le ministre chargé de l’Industrie, Roland Lescure, avant de le faire avec Guillaume Cadiou, délégué interministériel aux restructurations d’entreprises ». Cela a permis de percevoir « l’engagement et le travail de l’État » sur ce dossier, avec la volonté de défendre un fleuron français. Au cours des échanges, un profil du repreneur s’est aussi dégagé : « Un gros budget pouvant absorber les pertes d’exploitation pendant encore quelques mois et qui aurait aussi une forte force commerciale ». La rencontre a aussi permis aux salariés de bien faire connaître leur entreprise qui « souffre d’un déficit de valorisation ». Pour la députée, cette rencontre, positive, envoie aussi un signal fort à un éventuel repreneur sur la volonté de l’État d’être à côté de celui-ci, et la viabilité d’un projet « si on y remet les moyens ». Mercredi prochain, Violette Spillebout rencontrera, au sein de l’entreprise les représentants du CSE et le directeur d’Eurasanté pour « faire un point d’avancement sur le dossier ».