CONTRIBUTIONS

L’ouverture du Canal Saint-Pierre

Dans le programme “Faire Respirer Lille” nous proposons d’ouvrir le Canal Saint-Pierre au public. 

Il s’agit d’abord pour les lillois de mieux connaître l’histoire de leur ville, laquelle est intimement liée à la présence de l’eau. Cette histoire est trop peu connue et nous voulons vraiment la mettre en valeur en ouvrant notre patrimoine et notamment le canal Saint-Pierre. 

Ensuite, nous avons la conviction que notre patrimoine est un atout touristique. C’est une raison de plus de le mettre en valeur pour le rendre visible. 

Hubert Minet nous explique ici pourquoi l’eau dans la ville a du sens, et pourquoi nous avons l’ambition de remettre en eau une partie de l’Avenue du Peuple Belge et de proposer l’ouverture du Canal Saint-Pierre. 

Canal Saint Pierre à Lille

L’histoire du Moulin et du canal Saint-Pierre.

La ville de Lille s’est développée avec la Deûle dès le XIe siècle. De nombreux canaux, pour la plupart des bras de la rivière, parcouraient la cité. Une première mention du moulin est faite en 1236 quand trois familles lilloises donnent le bâtiment à l’hôpital Notre-Dame (actuel hospice Comtesse) selon les vœux de la comtesse Jeanne de Flandre. Contre un droit, les habitants venaient y moudre le grain pour en tirer la farine ou l’huile. Le moulin était alimenté par les eaux du canal de la Monnaie dont le courant venait des 3 m de dénivellation entre la Haute et la Basse-Deûle. Le canal passait sous deux maisons de la rue de la Monnaie (un éclusier y habitait afin de manœuvrer des vannes pour régler le débit de l’eau) puis coulait sous un pont après lequel les eaux se divisaient en deux bras, actionnant les roues élevées de chaque côté du moulin.



Enfin, l’eau retrouvait un cours plus calme en alimentant le canal Saint-Pierre, d’une longueur de 164 m pour une largeur maximale de 14 m et rejoignait le port de la Basse-Deûle. A l’origine à l’air libre, le canal Saint-Pierre fut progressivement couvert à partir du XVIIe siècle, quand la chapelle de l’hospice Comtesse sera édifiée sur son cours, la voûte prenant appui sur les quais du XIIIe siècle.

En 1468, le duc de Bourgogne Charles le Téméraire prit sous sa protection l’hôpital Notre-Dame et ordonna d’apposer ses armoiries sur les édifices de la communauté (armes de Bourgogne couvertes au centre par celles de Flandre).

Armoiries du duc de Bourgogne Charles le Téméraire

Après un violent incendie survenu en 1649, le moulin fut reconstruit sur son socle médiéval de grès, avec deux façades de brique et pierre, à un étage, ouvertes de baies à épaule et des arcs de décharge à pointes de diamant. 

La révolution de 1789 abolit les privilèges dont les droits héréditaires pour la noblesse et le clergé sur les sources d’énergie ; la charge du moulin fut louée puis vendue en 1821, le moulin étant alors surélevé de trois étages. 

Le régime des eaux défavorable entraînant des difficultés techniques et juridiques, il est vendu à la ville en 1877, puis abandonné et démoli en 1913. 

La façade sur rue, une partie de la façade arrière et le réseau souterrain sont conservés. 

source: bibliothèque publique Renaissance du Lille Ancien