Madame le Maire, chers collègues,
Après de nombreuses contestations par les associations, après plusieurs enquêtes publiques, nous sommes sollicités dans cette délibération pour donner un avis sur la déclaration de la ZAC Saint Sauveur comme “d’intérêt général”, avant le Conseil de la MEL du 7 octobre.
Nous assumons de vous dire ce soir que NON, le projet Saint-Sauveur en l’état n’est pas “d’intérêt général” et qu’il faut le modifier.
Même si la gouvernance de notre ville et de notre Métropole nous laisse peu de chances de moduler le projet engagé, même si les procédures administratives semblent purgées, on ne peut aujourd’hui que revenir sur cette appréciation d’intérêt général.
Nous sommes en particulier interpelés par la situation actuelle, de crise énergétique et économique mondiale et européenne, qui n’épargne pas les projections de santé financière de nos collectivités territoriales.
Comment aujourd’hui reprendre un projet, identique au projet initial, alors que tout notre environnement et nos enjeux ont changé ?
Comment ne pas tenir compte du contexte actuel pour proposer une version plus sobre, en particulier, pour la nouvelle piscine olympique. Elle est certes nécessaire, mais la construction prévue d’une fosse de plongée de niveau européen, de 42,5 mètres de profondeur est tout à fait contestable.
Dès l’annonce de ce projet de ZAC, le groupe Faire Respirer Lille pendant la campagne municipale avait émis de nombreuses propositions pour moduler le contenu, que nous considérions comme majeur pour l’avenir de notre ville, l’une des grandes villes les moins vertes de France.
La friche St Sauveur pourrait devenir le second poumon vert de Lille, ne gâchons pas cette chance !
Nous voulions un projet plus juste, plus solidaire, plus durable et plus ouvert sur les autres quartiers de la ville et sur la Métropole, avec un « Central Park » de 12 ha, en sauvegardant le plus possible les arbres existants, ainsi que la faune et la flore du site.
Nous voulions des immeubles plus hauts pour maintenir une grande part de l’offre de logement mais en libérant de la surface au sol, au profit de l’agrandissement du parc.
Nous voulions des liaisons plus douces entre le parc Jean-Baptiste Lebas et le reste du nouveau parc : espaces publics piétons, circulations vélos sécurisées, et un pôle d’échanges multimodal en cœur de parc avec une nouvelle station de métro.
Nous demandions déjà le recalibrage du projet de piscine porté par la MEL. Dans le contexte d’exigence de sobriété énergétique actuel, il est indispensable de revoir en profondeur le projet de la piscine olympique : des espaces plus resserrés et économes en énergie, une mutualisation des créneaux et des horaires d’ouverture intelligents, etc… Et bien sûr, encore plus qu’en 2019, il nous semble maintenant évident qu’il faut supprimer dans ce projet, la fosse de plongée, pour 2 raisons principales :
• Première raison : le coût total du projet avec sa fosse est dispendieux : 78 millions d’Euros d’argent public, c’est sans compter les dépassements à prévoir, qui peuvent être de l’ordre de 10 millions d’euros… et c’est trop ! Rappelons surtout que le coût moyen en France d’un centre aquatique est de 25 millions d’euros, soit 3 fois moins que le projet lillois. Rappelons aux Lilloises et aux Lillois que dans la délibération métropolitaine, c’est 15 millions d’euros de participation en investissement de la Ville de Lille, pris sur les contribuables lillois.
• Seconde raison : les plongeurs de notre Métropole nous le disent, ils ont déjà largement de quoi s’entraîner, que ce soit avec bouteilles ou en apnée, et quel que soient les niveaux sportifs ! La plongée n’est pas un sport accessible à tous. Et il y a déjà 3 fosses de plongée en Région ( Dunkerque à 20 m, Louvroil à 10m et Valenciennes à 20 m.), et d’autres en Belgique comme Némo 33, à 33m à Bruxelles. Les sportifs bénéficient aussi de fosses naturelles dans d’anciennes carrières (Barge à Tournai à 40 m par exemple).
Comprenez donc Mme le Maire que sans modification substantielle de ce projet, nous votons contre cette délibération.