Le parti Renaissance prévoit de pré-investir des premiers chefs de file locaux dès 2023 pour éviter un nouvel échec.
L’objectif a été lancé depuis Paris, mais il est censé résonner dans toute la France. À peine investi à la tête de Renaissance, (ex-La République en marche, LREM), le 17 septembre au Carrousel du Louvre, le secrétaire général, Stéphane Séjourné, a promis d’«implanter» le nouveau parti présidentiel à l’échelon local.
Ses troupes sont prévenues: il veut bâtir le «parti le plus décentralisé de l’histoire de la Ve République». C’est un long chemin pour la formation fondée par Emmanuel Macron, souvent jugée «hors sol», qui doit la conduire jusqu’aux élections municipales et intercommunales de 2026. Et donner une assise locale à son futur candidat à la présidentielle, la Constitution empêchant le chef de l’État de se présenter pour un troisième mandat.
Secoués par une sévère défaite aux municipales de 2020, les responsables macronistes entendent s’organiser rapidement. Première étape de cette « implantation » locale, des présidents de fédérations départementales « assemblées départementales », selon le lexique de Renaissance doivent être élus à partir de janvier, a appris Le Figaro.
Une petite révolution dans un parti habitué à la cooptation.
Permanences locales
Des premiers chefs de file locaux doivent aussi être pré-investis dans plusieurs villes dès 2023, en priorité dans les métropoles. « Cette fois-ci, des équipes pourront commencer à mûrir très tôt leur programme municipal », explique Stéphane Séjourné. « Nos militants doivent pouvoir se mobiliser sans attendre pour préparer l’alternance dans leur ville. »
Les stratèges macronistes veulent éviter une nouvelle déconvenue : en 2020, LREM n’a revendiqué que 146 têtes de lis- tes victorieuses dans les villes d’au moins 9 000 habitants. L’opération implique plusieurs ministres engagés dans la direction du parti, laquelle se réunit pour la première fois jeudi : Franck Riester (Relations avec le Parlement) s’occupe des élections, Olivier Dussopt (Travail) pilote la structuration départementale, et Gérald Darmanin (Intérieur) est chargé de la formation des élus et des futurs candidats. Sans compter Clément Beaune (Transports), personnellement tenté par une candidature à Paris.
Pour mener la « campagne permanente » à laquelle encourage Emmanuel Macron, chaque fédération départementale bénéficiera d’un budget dédié et d’une permanence. « On est en train d’en chercher une», déclare la députée Violette Spillebout, chef de file des macronistes à Lille. « C’est un marqueur de notre implantation, un atout pour labourer le terrain. »
Dans la capitale des Hauts-de-France, la Marcheuse a échoué en 2020 à ravir la mairie détenue par la socialiste Martine Aubry. Le prochain scrutin sera différent, veut- elle croire, entourée de ses cinq conseillers municipaux pro-Macron : « En 2020, nous ne partions de presque rien. Nous avons aujourd’hui des élus implantés .»
Les visages du « macronisme municipal » sont appelés à prendre le plus possible la lumière pour être identifiés par les habitants. « L’implantation locale ne passe pas seulement par des titres. Il faut aller plus loin. On doit être imbibé par le terrain », insiste le député Karl Olive, ex- maire de Poissy (Yvelines). Il s’agit aussi de recruter les militants qui animeront les futurs scrutins locaux : une campagne d’adhésion a été lancée. Fait nouveau, les investitures des candidats aux municipales devront passer par le tamis des « assemblées départementales ». À l’échelle nationale, une « Assemblée des territoires » regroupant tous les élus Renaissance devra aussi être consultée.
Les cadres du parti savent toutefois qu’ils devront s’accorder avec leurs alliés du Mouvement démocrate (MoDem) et de Horizons. En avance, la formation d’Édouard Philippe revendique déjà quelque 500 comités municipaux et plusieurs maires de grandes villes comme Christian Estrosi à Nice et Arnaud Robinet à Reims.
« Notre problème, c’est que la marque Renaissance n’est pas encore suffisamment connue des Français », pointe un responsable de la majorité à l’Assemblée nationale. Une inquiétude que balaie le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat, soucieux d’investir des candidats avant tout connus des habitants et expérimentés : « C’est le profil qui compte pour être élu. Le chromosome macroniste, seul, ne suffira pas.