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Harcèlement sexuel : après la plainte de V. Spillebout, un journaliste de Médiacités relaxé

A l’audience du 6 juin, Violette Spillebout a expliqué que l’insistance du journaliste était une attaque à son intimité en propageant une rumeur infondée. Photo archives Baziz Chibane

Ce mardi, les juges lillois ont relaxé le directeur de Médiacités, jugé le 6 juin pour harcèlement sexuel. La députée Violette Spillebout considère que sous couvert d’enquête journalistique, il s’est acharné à propager une rumeur de photos intimes la concernant. La justice n’a pas suivi l’élue, qui fait appel.

Après quatre semaines de délibéré, la 6e chambre correctionnelle de Lille a considéré qu’il n’y avait pas suffisamment de charges pour condamner Jacques Trentesaux. Le directeur de la rédaction de Médiacités a été relaxé.

Jacques Trentesaux était jugé le 6 juin pour harcèlement sexuel, sur citation directe de Violette Spillebout, à propos d’un litige sur des photos intimes. En pleine campagne électorale pour les élections municipales, le journaliste avait interrogé tout l’entourage de Violette Spilleboutmultipliant questions insistantes et ruses pour savoir si ces photos de la candidate existaient.

« Rumeur humiliante » contre « accusation lourde » 

À l’audience Violette Spillebout a expliqué avec beaucoup d’émotion que cette obstination avait contribué à propager une rumeur humiliante. De son côté, Jacques Trentesaux s’est défendu en disant qu’il n’avait jamais eu d’autre but que celui d’un journaliste qui cherche à vérifier une information. Me Stéphane Dhonte avait réagi : « Sous couvert de questions, on est dans l’insinuation. Ce discours sexualisé n’est pas neutre. Est-ce qu’il est admissible aujourd’hui ? »

En défense, Me Vincent Filola avait qualifié le dossier de «fantaisiste » et évoqué de précédentes tentatives de poursuites pour dénoncer « l’acharnement d’une élue procédurière ». L’avocat parisien avait aussi rappelé que, pour la même affaire, une première plainte pour chantage avait été classée sans suite par le parquet.

Me Filola avait demandé des dommages et intérêts que le tribunal a en partie accordés. Violette Spillebout devra payer 6 000 euros à Jacques Trentesaux ainsi que 3 784,50 euros pour rembourser ses frais de justice.

Violette Spillebout « choquée » 

Au moment du délibéré, Jacques Trentesaux s’est dit doublement satisfait : « À la fois parce que je suis relaxé et parce que cette décision sanctionne une plaignante qui attaque à tort et à travers. Harcèlement sexuel, c’est une accusation très lourde à porter. L’audition au commissariat, le temps jusqu’à l’audience ont été moralement difficiles. Je suis soulagé ».

De son côté Violette Spillebout a indiqué « être choquée par cette relaxe qui donne un permis de harceler, agresser, diffamer. Cela veut dire qu’on peut salir une femme, la maintenir sous pression, la menacer sans rendre de compte. » Elle dira également : « Je déplore profondément que le journaliste soit parvenu à détourner, avec mauvaise foi, le sujet fondamental de l’indépendance des médias pour justifier ses méthodes de tabloïds. » Violette Spillebout va interjeter appel.

Chantal david pour Voix du Nord du 4/07/2023