CONSEIL MUNICIPALMUNICIPALES 2026

Intervention de Violette Spillebout relative à l’élection d’Arnaud Deslandes

CONSEIL MUNICIPAL DE LILLE 

VENDREDI 21 MARS 2025

Chers collègues du conseil municipal, chers Lilloises, chers Lillois, merci d’être venus si nombreux ce soir. Vous êtes au cœur de mes pensées en cet instant, et c’est à vous que je souhaite m’adresser ce soir, en prononçant ce discours de candidature.

Ce soir, c’est un moment symbolique. Après plusieurs décennies d’un pouvoir tenu par une seule et même équipe, Lille se trouve à un tournant inédit. Et pourtant, cela se fait par un passage de relais sans enjeu, sans débat, dans la continuité d’un système qui est aujourd’hui à bout de souffle. Dans quelques minutes, un nouveau maire sera élu au sein même de ce conseil municipal. Une formalité administrative, en quelque sorte. Un passage obligé pour désigner un maire intérimaire un an avant les élections municipales, et gérer les affaires courantes, en attendant mars 2026. Chers collègues de la majorité, en désignant Arnaud Deslandes comme maire de transition, demandez-vous réellement si ce choix est respectueux des Lillois.

Respectueux des Lillois ? Non, car ce choix trahit la parole donnée. En 2014, après 14 ans à la tête de la ville, Madame Aubry s’engageait à ce que ce soit son dernier mandat. Elle s’est pourtant représentée en 2020, en promettant d’aller « jusqu’au bout ». Aujourd’hui, son départ précipité, à quelques mois de la fin de son engagement, n’est rien d’autre qu’un abandon de responsabilité, un abandon des Lillois. Rien d’autre qu’une promesse non tenue une nouvelle fois.

Respectueux des Lillois ? Non, car les Lillois n’ont pas voté, en 2020, pour désigner Arnaud Deslandes comme maire.

Respectueux des Lillois ? Non, car ce départ a été décidé dans l’ombre des bureaux municipaux, sans transparence ni clarté. Cela alimente l’idée que tout est joué d’avance, entre soi, en huis clos, dans la continuité d’un pouvoir vertical, qui s’éteint.

Je ne remets pas en cause l’héritage des premières années sous Martine Aubry. Depuis 2001, après Pierre Mauroy, elle a contribué à des transformations pour Lille. Mais depuis 2014, le vent a tourné. Ce n’est plus l’élan d’un projet ambitieux, mais une gestion figée, sans cap clair, une stagnation en fait. 

Oui, la ville, notre ville, stagne dans de nombreux domaines : le développement des grands projets (Saint-Sauveur, Marx Dormoy, Port de Lille), mais aussi des domaines essentiels comme la sécurité, la propreté, les espaces verts, le soutien au commerce local…

Alors, chers collègues, nous voulons tourner la page. Oui, je pourrais être candidate ce soir. Je suis prête à devenir Maire de Lille. J’aime notre ville, j’aime les Lillois. J’ai une vision pour notre Métropole, et je porte avec une équipe formidable, unie et issue de tous les quartiers de Lille, Hellemmes et Lomme, l’ambition d’un renouveau. Cette équipe sera toujours ouverte à échanger et à travailler avec les autres sensibilités politiques de Lille sans sectarisme et sans dogmatisme. Y compris avec vous, chers membres de la majorité actuelle, chers membres de l’opposition écologiste. 

Ma candidature a un sens profond : elle est un signal clair. Un signal qu’il existe une alternative. Une alternative à la continuité automatique du pouvoir socialiste et à ses alliances de circonstance. Une alternative fondée sur le débat démocratique, la transparence et l’ambition pour l’avenir de Lille.

Avec Faire Respirer Lille, nous co-construisons depuis 2020 un projet pour 2026 avec les habitants, les associations, les acteurs économiques, les agents publics, en nous appuyant sur l’expérience et la diversité de notre équipe. Avec nos 10 élus, nos 20 conseillers de quartiers, nous incarnons déjà une nouvelle manière d’exercer les responsabilités : respectueuse, ouverte, accessible, inclusive et unie.

Mais je ne veux pas être complice de ce qui se passe ici ce soir. Me porter candidate aujourd’hui, ce serait cautionner une mascarade. Une mascarade où l’on vote sans légitimité, où les jeux sont faits d’avance.

C’est pourquoi je retire ma candidature, tout en affirmant avec force une chose essentielle : le prochain maire de Lille ne doit pas être simplement désigné par quelques-uns, il doit être choisi par les Lillois.

Le véritable vote aura lieu en mars 2026, pour une ville qui retrouve enfin son rôle moteur d’une grande Métropole européenne.