CULTURELILLETRIBUNE

Artistes, venez à Lille… mais à vos frais !

Ces dernières années, faute de budget, les théâtres et autres lieux culturels ont dû limiter leur programmation. ZAVE SMITH / IMAGE SOURCE / PHOTONONSTOP

Depuis plus de 20 ans, les élus socialistes lillois se félicitent d’un modèle culturel centré sur Lille3000. Des millions d’euros injectés dans des saisons événementielles clinquantes, des soirées VIP, une communication démesurée — et en vitrine, des Golden Monoliths dorés rue Faidherbe, symboles d’un pouvoir municipal plus soucieux d’en mettre plein la vue que de soutenir les créateurs dans la durée.

Mais derrière les dorures, la réalité est bien plus amère. Comme l’a documenté récemment Le Monde, des milliers de jeunes artistes partout en France — y compris à Lille — sont contraints d’abandonner leur vocation. Précarité permanente, contrats trop courts, résidences non rémunérées, reconversions forcées… voilà le quotidien d’une génération sacrifiée. Et pendant ce temps, ici, les aides vont aux structures bien en place, rarement aux artistes émergents.

Ceux qui dirigent Lille osent encore se présenter comme les champions de la culture ? Ils défendent leur culture : institutionnelle, verrouillée, inaccessible aux jeunes talents qui n’ont ni réseau ni fortune familiale.

C’est la raison pour laquelle, en tant que députée, j’ai cosigné la proposition de loi portée par ma collègue Soumya Bourouaha, Députée Communiste, visant à instaurer un revenu de remplacement pour les artistes-auteurs temporairement privés de ressources. Parce qu’on ne construit pas une politique culturelle avec des slogans ou des structures vitrines, mais avec des droits concrets, protecteurs, et une vision durable de la création artistique.

Je suis convaincue que c’est en partageant mieux la « valeur culturelle », en réservant systématiquement une part des budgets de production à la rémunération juste des artistes, et en leur demandant — au-delà des œuvres créées — de participer activement à la médiation avec les publics, hors les murs, dans tous les quartiers, que nous construirons une culture durable, créatrice d’emplois, et véritablement partagée.

Je préfère 3000 projets culturels lillois, vivants et ancrés, à une saison de Lille3000 dorée et déconnectée.