Voilà un sujet pour la trêve de Noël et ses repas de famille. Imaginée dans le cadre d’un programme d’aménagement de la friche ferroviaire Saint-Sauveur à l’entrée de Lille, le projet de grande piscine et ses activités aquatiques semblent sérieusement encalminées. Et le chamboulement des rapports de force à la MEL indique le sens du vent…
Ainsi, le président de la MEL a jugé que « le projet principal de Saint-Sauveur, c’est avant tout les 2 500 logements », pour résorber la liste d’attente de logements sociaux, un argument souvent avancé du côté de la majorité lilloise pour justifier le programme face aux contestation des riverains qui multiplient les recours devant la justice administratives et les écologistes de son conseil municipal. Lors d’un conseil métropolitain d’octobre, Damien Castelain a jeté un gros pavé dans la mare en décidant l’abandon de la fosse de plongée de dimension internationale – qu’il avait lui-même soutenu mais soudainement apparue comme un petit gouffre budgétaire – et ouvrant la perspective d’une remise en cause du centre aquatique première mouture.
En écho, c’est au conseil municipal de Lille du 9 décembre que la charge anti-piscine trouve une expression encore plus franche : « Personne ne peut aujourd’hui augurer, au regard des nouvelles procédures à lancer, de la date la mise en service d’une éventuelle nouvelle piscine olympique à Lille. » L’intervention de la députée Renaissance Violette Spillebout lors du dernier conseil municipal de Lille est lourde de sous-entendus. La cheffe de file d’un des deux groupes d’oppositions remet carrément en cause le grand équipement de loisirs projeté par Martine Aubry et préconise l’étude d’un grand programme de rénovation de l’actuel bassin de 50 mètres de Marx-Dormoy dont personne ne conteste la vétusté. Troisième observation en forme de coup de grâce. Le récent aggiornamento de l’exécutif et de la majorité à la Métropole européenne de Lille marginalise le groupe socialiste et apparentés de Martine Aubry, désormais carrément « minoritaire dans la majorité » (notre analyse). Cette dernière aura-t-elle les moyens politiques de défendre un grand équipement que la MEL est réputé payer ?
Confronté à l’enlisement de l’Institut européen pour la photographie (nos révélations), et à la situation à risques du patrimoine bâti du Vieux-Lille après le drame de l’effondrement de deux immeubles et les inquiétantes alertes qui ont suivi (notre reportage), la Ville de Lille doit bétonner ses projets d’aménagement contestés par l’actualité et les oppositions mais aussi la perplexité des collectivités partenaires – sans oublier l’interminable feuilleton de la réfection pour malfaçons de la façade de la mairie qui dure depuis presque 20 ans, et s’éternise d’expertises en appels d’offres et en contentieux, ou la reconversion de la serre équatoriale du Jardin des Plantes (notre enquête). Le conseil départemental du Nord affiche sa volonté de prendre sa part dans les programmes d’aménagement d’équipements sportifs de ses voisines (notre article , Le président Christian Poiret a encore réaffirmé récemment l’axe Nord/MEL, nos informations). Mais le ressac de la grande piscine est de plus en plus violent.