Ils sont candidats aux municipales de 2020 mais demeurent méconnus du grand public. Chez Pol part à leur rencontre. Aujourd’hui, la candidate LREM à Lille et ex-directrice de cabinet de Martine Aubry, Violette Spillebout.
Chez Pol | Bonjour. Qui êtes-vous ? Quels sont vos réseaux ?
Je suis une Lilloise, 47 ans, mariée, mère de deux grandes filles, qui après un parcours professionnel dans le privé (dans le conseil), en mairie de Lille, et, depuis 2013, à la SNCF, s’engage en politique pour la première fois. J’anime aujourd’hui le collectif «Faire Respirer Lille», pour redonner aux Lillois de l’oxygène au sens propre – car Lille est une des villes les plus polluées de France – et au sens figuré, en proposant une nouvelle méthode plus apaisée, moins clanique, plus rassembleuse.
Quand vous étiez petite, vous rêviez de devenir qui ?
Toute mon enfance, j’ai rêvé de devenir Sylvie Guillem. C’est une danseuse étoile de l’Opéra de Paris exceptionnelle, une ballerine dotée d’une grâce, d’une force, et d’une souplesse hors du commun. La danse classique a été ma passion et m’a demandé, au Conservatoire de Lille, un travail énorme jusqu’à obtenir la Médaille de Vermeil tout en poursuivant mes études. J’ai fait un autre choix de carrière que la danse. Il m’en reste une philosophie de vie : on ne peut accomplir de belles choses sans discipline, travail ni détermination…
Vous avez donné des cours de danse. Si la politique était une danse, ce serait ?
Ce serait le tango ! C’est une danse qui a émergé dans les faubourgs populaires de Buenos Aires, une danse symbolique de la mixité sociale, mais aussi de l’élégance, de la séduction et de la nostalgie. Tous les étés à Lille, à la Vieille Bourse, les Lillois viennent danser le tango argentin en plein air, c’est unique ! Je pense qu’il faut en politique, comme dans le tango, savoir être naturel, authentique et fidèle à ses origines, et en même temps, savoir guider et donner le tempo avec fermeté et assurance.
Au jeu du «tu préfères», vous choisissez quoi entre : manger du welsh à tous les repas ou commencer toutes vos phrases par dire du bien du PS ?
Même à tous les repas je crois le welsh moins indigeste que ce que le Parti socialiste est devenu. Au-delà de la boutade, je trouve assez triste de voir ce qu’est devenu ce parti de gouvernement qui a produit par le passé de belles idées portées par de grandes figures.
Avec quel adversaire politique vous pourriez partir en vacances, là maintenant ?
Avec beaucoup de curiosité, je choisirais Stéphane Baly, tête de liste EELV pour Lille en 2020, même si je ne le considère pas tout à fait comme un adversaire tant nos préoccupations écologistes pour Lille sont proches. Il a passé ses vacances sur un vélo, en consommant le moins possible, zéro carbone. Je souhaite moi-même progresser dans mes pratiques quotidiennes pour participer à la diminution de la production de déchets et à la lutte contre l’émission de particules fines, à Lille. L’urgence écologique est là, nos jeunes nous le rappellent tous les jours, nous devons prendre nos responsabilités, agir en grand, dans les décisions publiques, comme dans chaque foyer.
Lille est à la frontière belge. Le seum, ça vous connaît ?
Le seum de nos amis belges au lendemain de leur défaite en Coupe du monde de foot, je peux le comprendre et dans certaines situations, moi aussi j’ai le seum, comme tout le monde. Quand je vois le peu d’espaces verts à Lille, quand je vois des commerces fermer, quand je constate comme tous les Lillois et les touristes la saleté de nos rues, l’insécurité qui pénalise tout particulièrement les femmes, la nuit, et l’assignation à résidence des habitants dans nos quartiers, oui j’ai le seum. Mais je vois aussi les talents, l’énergie, l’envie de tous ces Lilloises et Lillois de faire autrement. Alors comme nos amis belges, je dépasse mon seum, je me mets au travail, je mobilise une équipe, composée de citoyens qui n’avaient jamais pris d’engagement politique et de politiques expérimentés, et je me dis qu’on va gagner la mairie de Lille, non comme un but en soi mais comme un moyen d’agir.
Maire, c’est l’anagramme d’aimer, rappelait le poète Benjamin Griveaux. Quelque chose à ajouter ?
Benjamin Griveaux est comme moi un candidat investi par LREM et il a raison de dire qu’il faut aimer les autres pour être maire : être maire, c’est d’abord un dépassement. C’est servir des intérêt plus grands que soi, c’est dépasser ses doutes ou ses certitudes, c’est être en toutes circonstances à l’écoute des besoins de ceux qui font une ville : les habitants, les associations, les acteurs du monde économique… pour dessiner ensemble un avenir commun. N’est-ce pas une définition possible de l’amour ?
Aubry, ça rime avec… ?
«Aux abris» car ces dernières années, les sorties politiques de Martine Aubry se résument à dénoncer, critiquer, agonir ses adversaires comme son propre camp. Le débat démocratique peut être vif et intense. Il doit aussi être respectueux. Notre société, le monde, sont suffisamment conflictuels, violents, pour que celles et ceux qui exercent ou prétendent aux responsabilités politiques n’en rajoutent pas.