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La Voix du Nord : Violette Spillebout : « Raconter l’engagement, mais aussi les pressions et les violences »

𝗩𝗶𝗼𝗹𝗲𝘁𝘁𝗲 𝗦𝗽𝗶𝗹𝗹𝗲𝗯𝗼𝘂𝘁 : « 𝗥𝗮𝗰𝗼𝗻𝘁𝗲𝗿 𝗹’𝗲𝗻𝗴𝗮𝗴𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁, 𝗺𝗮𝗶𝘀 𝗮𝘂𝘀𝘀𝗶 𝗹𝗲𝘀 𝗽𝗿𝗲𝘀𝘀𝗶𝗼𝗻𝘀 𝗲𝘁 𝗹𝗲𝘀 𝘃𝗶𝗼𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 »



Conseillère municipale d’opposition à Lille depuis 2020, députée Renaissance de la 9e circonscription (Lille, Marcq, Tourcoing…) depuis 2022, Violette Spillebout vient de publier « L’Autre Mur ». Un livre qui retrace son parcours, du cabinet de Martine Aubry à l’Assemblée Nationale. Un plaidoyer, aussi, pour « Une République en paix ».

Pourquoi ce livre aujourd’hui ?

« D’abord pour libérer la parole, ma parole, celle d’une femme qui s’est engagée récemment en politique. Pour raconter sans concession les joies de l’engagement, mais aussi ce que l’on vit comme contraintes, les pressions et violences qu’on peut subir, notamment à Lille. »

Que se cache-t-il derrière « L’Autre Mur » ?

« Devant mon domicile, durant les débats sur la réforme des retraites, un mur en parpaings a été dressé, alors que ma fille se trouvait à l’intérieur. Des chants hostiles à mon égard ont été criés. Ça, c’est la partie visible. La partie invisible, L’Autre Mur, ce sont les pressions, les rumeurs, la tricherie… »Au sujet de Martine Aubry, dont vous avez été la directrice de cabinet, vous écrivez : « J’ai beaucoup appris avec elle, je l’avais admirée… » Au vu de vos relations actuelles, ça semble difficilement compréhensible…

« Durant toutes ces années au cabinet, j’ai aimé chez Martine Aubry son côté abordable, drôle… C’est une grande travailleuse, qui était sur le terrain, extrêmement exigeante. J’ai voulu dire la vérité dans ce livre, il était donc normal que je rende hommage à ce travail, à cette époque-là. Mais aujourd’hui, le constat est très amer, et je le mets en avant, avec ces travers qui l’ont emporté. »

Étant donné la proximité qui était la vôtre avec le maire de Lille, le « divorce » ne pouvait-il pas que mal se passer ?

« Martine Aubry et les élus qui l’entourent ont pour mauvaise habitude de considérer toute personne qui ne pense pas comme eux comme un ennemi. On l’a vu, par exemple, avec la suppression de terrasse à des commerçants qui m’ont soutenue, ou leur comportement vis-à-vis de la maison de la photo, gérée par mon mari. C’est une négation de la démocratie. Pouvoir dialoguer, c’est pourtant ce qu’attendent les habitants. »

Vous revenez longuement sur les recours que vous avez déposés, ainsi que les écologistes, contre le résultat des municipales de 2020 : « (Martine Aubry) a selon moi faussé le résultat des élections municipales », écrivez-vous. Mais la justice a tranché…

« Oui, je suis critique sur cette décision de justice. C’est une décision inacceptable à mes yeux. Tous ceux qui ont mis le nez dans le dossier savent ce qui s’est passé pendant les élections, avec des pressions sur des associations, l’embauche de madame Boudersa… Le Covid n’a pas facilité le travail de preuve. Je pense que beaucoup de Lillois pensent comme moi. »

Vous plaidez pour une « République en paix ». N’est-ce pas paradoxal, dans le même temps, de remettre en cause le travail de la justice ?

« Une République en paix, c’est une République où il y a davantage de dialogue, de médiation, moins de judiciarisation… Ce genre de pratiques, que je dénonce, ne devraient pas exister. »

Vous décrivez une campagne des municipales 2020 très dure, avec des pressions, des menaces, verbales et physiques… Pourquoi votre candidature a-t-elle suscité de telles réactions ? Vous écrivez : « J’étais le symbole déshumanisé de la macronie »…

« Plus que ma personnalité, c’est l’énergie collective, l’enthousiasme qu’on a créés qui ont pu faire peur. Mais ces menaces ne sont pas terminées, j’en vis encore les conséquences aujourd’hui. »

Vous vous basez sur votre expérience pour aborder le sujet des violences envers les élus, sur lequel vous travaillez comme députée. Que proposez-vous ?

« En décrivant les menaces qui m’ont été adressées, les rumeurs qui ont circulé sur ma vie privée, ça a libéré la parole d’élus locaux, de députés, qui me disent vivre la même chose. Dans la proposition de loi qui passera à l’Assemblée la semaine prochaine, je défends notamment trois points : la protection juridique des élus, la protection fonctionnelle, et une meilleure relation entre les élus et les parquets. »

Ce livre est-il un premier pas vers votre candidature aux municipales de 2026 ?

« J’ai tenu à faire ce livre à mi-mandat. J’exerce mon mandat de conseillère municipale d’opposition avec engagement, et je suis entourée d’un collectif extrêmement mobilisé. Pour le reste, respectons les processus de désignation… »« L’Autre Mur », éd. Deuxième Lecture. 20€. En vente au Furet à Lille, et dans des librairies indépendantes à Lille, Bondues, Mouvaux…

Après avoir entretenu une grande proximité à la mairie jusqu’en 2013, l’heure est désormais à la défiance entre Martine Aubry et Violette Spillebout. PHOTO ARCHIVES PASCAL BONNIERE
Après avoir entretenu une grande proximité à la mairie jusqu’en 2013, l’heure est désormais à la défiance entre Martine Aubry et Violette Spillebout. PHOTO ARCHIVES PASCAL BONNIERE

Interview de Matthieu Delcroix pour la Voix du Nord