Conseil Municipal du 9 octobre 2020
Intervention de Violette Spillebout
Vidéoprotection et Centre de Supervision Urbain.
Madame le Maire, chers Collègues,
Monsieur Menault nous présente ici une bien courte délibération proposant au Conseil Municipal de voter un budget de 2 millions d’euros pour l’installation de la vidéoprotection et d’un centre de supervision urbain.
Bien entendu, le Groupe Faire Respirer Lille votera cette délibération, qui constitue un premier pas vers l’équipement de la Ville de Lille en vidéoprotection, tant attendu par les Lillois.
Cependant, quelle déception, Monsieur Menault, de voir que sur un sujet aussi important que la sécurité des Lillois, vous ne preniez pas la peine de leur présenter un dossier complet beaucoup plus détaillé !
Pas de budget prévisionnel :
Où trouve-t’on la répartition entre les coûts d’équipement et ceux de la maintenance, le coût d’achat des caméras à la centrale d’achats de la MEL et celui de leur installation ?
Ou trouve-t’on le détail des recettes attendues en subvention de l’Etat et de la Mel ?
Comment allez-vous intégrer dans le plan budgétaire, la potentielle baisse du coût de ces systèmes avec l’arrivée de la 5G ? Car la connectivité sans fil deviendra assez puissante pour qu’il ne soit plus nécessaire de tirer des câbles pour faire remonter les flux vidéo. Comment sont intégrées les avancées technologiques dans votre plan de déploiement ?
Pas d’explication dans la délibération des zones envisagées pour les premières installations : j’ai entendu que vous aviez prévu d’équiper les gares, la rue Faidherbe, le centre-ville, mais quelle place réelle réservée aux secteurs dangereux et tendus de nos quartiers ? Le minimum de respect aurait été de présenter aux Lillois dans cette délibération un diagnostic objectif des faits d’insécurité aux Lillois, sur lequel se baserait un véritable plan d’équipement pour tous nos quartiers.
Pas d’objectif quantitatif d’ici à la fin du mandat
Pas de calendrier de déploiement
Pas d’indication sur la méthode de travail : nous votons aujourd’hui pour les nouvelles compositions des conseils de quartier, comment avez-vous prévu de faire le lien entre les conseillers de quartier et le plan de vidéoprotection ?
Pas un mot non plus sur la mise en place indispensable d’une commission d’éthique, qui sera là pour évaluer les résultats et veiller au respect de la vie privée.
Voilà comment aujourd’hui l’habitude du pouvoir, Mme Aubry, Mr Menault, use l’exercice démocratique, et fait que vous proposez sans pudeur aux élus Lillois de voter 2 MILLIONS d’EUROS presque les yeux fermés, avec une présentation de 5 minutes du projet, sous prétexte qu’il y a urgence.
Pourtant, l’urgence de la situation, Mme Aubry, ne vous a pas toujours sauté aux yeux ! Jusqu’en 2014, conseillée par Roger Vicot, vous brandissiez à chaque conseil municipal des études sur l’échec de la vidéoprotection à Londres pour justifier votre opposition farouche à la vidéoprotection.
Aujourd’hui, après une campagne électorale où semble-t’il vos concurrents vous ont ouvert les yeux, après un été placé sous le signe de la recrudescence des trafics et d’une violence inédite, vous regardez les réalités en face et commencez à installer quelques caméras, considérant maintenant la sécurité comme “un axe majeur” pour les Lillois.
Vous affirmez d’ailleurs toujours qu’il y a 6200 caméras aujourd’hui à Lille, mais rappelons aux LIllois qu’elles sont situées dans les transports, les commerces et les institutions, mais presqu’aucune sur l’espace public, alors que + de 6000 communes sont actuellement équipées, dont plus de 50 dans le Nord, et par exemple, Roubaix, Tourcoing, Marcq, La Madeleine, Lambersart dans la MEL.
Oui, rappelons-le : La sécurité est la priorité de tous les Lillois dans tous les quartiers
Vous le savez, à Lille, malgré l’engagement indéfectible de l’Etat et le travail remarquable de nos policiers nationaux et municipaux, en 6 ans, tous les voyants sont au rouge.
Depuis 2015, sous vos mandats, les atteintes aux personnes ont augmenté de 42%, les atteintes aux biens de 38%, le nombre de cambriolages a explosé, augmentant de 50% et le nombre de violences sexuelles a plus que doublé.
Pourtant à Lille, l’Etat a mis les bouchées double pour la sécurité. Sur les 6 dernières années, le nombre de policiers lillois a augmenté, est revenu à la moyenne nationale, Lille a regagné les 400 policiers nationaux qu’elle avait perdus il y a quelques années. Fives et Moulins ont d’ailleurs bénéficié du classement en quartiers de reconquête républicaine avec des moyens nouveaux et des policiers supplémentaires. Vous le savez, dès le prochain mouvement de mutations, il aura une grande vigilance pour améliorer encore les effectifs de police nationale.
Il conviendra d’ailleurs pour Lille de construire et signer au plus tôt le “contrat de sécurité intégrée”, une étape importante dans la mise en œuvre d’un véritable continuum entre prévention et réponse sécuritaire à l’échelle nationale, comme Toulouse vient de le faire.
De votre côté, vous annoncez le recrutement de 50 policiers Municipaux. Il était temps car vous n’avez pas été toujours aussi convaincue de leur utilité ! Mieux vaut tard que jamais.
Car oui le besoin est fort : le nombre de policiers municipaux est largement insuffisant à Lille. Lille dispose de 120 postes pour 230 000 habitants, soit 0,5 policier pour 1000 habitants, quand Roubaix est à 0,8, Tourcoing à 0,7, Valenciennes 0,9, Amiens à 1,5. dans notre région.
Le véritable enjeu est de travailler sur l’attractivité du métier de Policier Municipal à Lille comparativement aux autres communes, et d’organiser, comme la ville a su le faire en 2001, des sessions de formations en partenariat avec le CNFPT et la Mission Locale, opérationnelles rapidement, et créer ainsi de l’emploi direct pour les Lillois.
Nous vous demandons, Mme le Maire, Monsieur Menault, d’accélérer la cadence, et de prendre l’enjeu de la sécurité des Lillois avec beaucoup plus de précision et de détermination que ne le décrit la pauvre délibération de ce soir.
Nous vous demandons, Monsieur Menault, de respecter les Lillois.
A commencer par notre collègue Ali Douffi, qui sensible à ces questions, vous a écrit personnellement le 20 juillet pour vous proposer une rencontre de travail, rencontre à laquelle vous n’avez pas daigné répondre et donner suite depuis presque 3 mois.
Je vous remercie.
Violette spillebout