CONSEIL MUNICIPAL

PLAN ANTI-DISCRIMINATIONS LGBTQIA+

Mme le Maire, Chers Collègues,

Le Groupe Faire Respirer Lille votera ce plan avec responsabilité et enthousiasme, parce qu’il constitue un engagement fort pour la sensibilisation, l’accompagnement et l’exemplarité envers les personnes LGBTQIA+ dans notre ville.

En raison de la distorsion entre les droits affichés et les droits vécus au quotidien, les personnes lesbiennes, gays, bi et trans ont pu – et peuvent encore trop souvent – se sentir à la marge de notre société, voire invisibilisées. J’estime que l’égalité doit pourtant constituer un fondement concret de notre destin commun, pour toutes et tous. 

En tant qu’élus locaux progressistes, qui partagent les valeurs de la République, nous voulons tisser les fils d’une société plus inclusive et plus protectrice pour faire des personnes lesbiennes, gays, bi et trans des citoyennes et des citoyens à part entière dans notre pays et dans notre ville.

L’étude de l’IFOP publiée en juin 2019 en témoigne : en « 2019, 85 % des Français considèrent l’homosexualité comme une manière de vivre sa sexualité comme une autre, contre 24 % en 1975 ». On perçoit aisément le chemin parcouru. Mais cette tolérance qui progresse est souvent mise à mal par la violence à l’encontre des personnes LGBT+. 

Vous l’avez rappelé aussi dans cette délibération, ce plan présenté ce soir est né de moments de vives émotions suite à des agressions, des violences, des drames qui ont marqué notre ville ces deux dernières années. 

  • En Juillet 2019,  un homme est roué de coups dans le Jardin Vauban 
  • En Août 2020, 5 jeunes sont mis en examen pour tentative d’homicide sur 3 hommes au Parc Matisse.
  • En novembre 2020, un couple d’hommes est violemment agressé porte de Douai en soirée.
  • En décembre 2020, vous l’avez rappelé Mr Pianezza, un jeune de 17 ans se suicide suite à de la discrimination sur ses tenues vestimentaires dans un lycée lillois.
  • En avril 2021, l’Académie de Lille s’excuse pour la “maladresse” de la diffusion d’un support de formation qui qualifie l’homexualité de “trouble de la sexualité”
  • Sur l’année 2020, c’est près de 250 signalements intervenus auprès des associations.

Le confinement n’a pas fait soudainement exister cette violence ; il l’a redoublée, accrue, publiquement exposée. Nous sommes nombreux à avoir condamné publiquement les agressions, et à avoir témoigné notre soutien aux victimes. C’est bien.

Mais nous sommes alertés encore régulièrement sur le sentiment d’insécurité des personnes LGBTI+, qui adaptent souvent leur comportement dans l’espace public, pour éviter insultes ou agressions. Ce plan est donc essentiel. Nous rappelons à ce sujet la nécessité, pour protéger et sécuriser nos espaces publics, de déployer plus rapidement la vidéo-protection, qui peut être l’un des outils nécessaires aux enquêtes, notamment dans le secteur du Vieux Lille, de l’Esplanade, mais aussi autour des stations de métro.

Pour aller plus loin encore, pour renforcer l’efficacité des actions reprises dans ce plan, je souhaite réellement qu’un partenariat étroit puisse s’engager, avec des réunions de travail régulières, associant certes les services municipaux et les associations, mais aussi les services déconcentrés de l’Etat : police, justice, services sociaux, services publics.

Car vous le savez, en 2020, le plan national d’actions pour l’égalité des droits, contre la haine et les discriminations anti-LGBT+ 2020-2023 a été présenté par Elisabeth Moreno, , Ministre déléguée sur ces sujets, et traduit l’engagement fort de l’État sur plus de 150 actions, dont beaucoup pourront dans les mois à venir, enrichir notre plan d’action municipal lillois. 

Je pense par exemple à  : 

  • travailler en lien étroit avec les correspondants « droits LGBT+ » au sein des rectorats et des parquets
  • inciter les organismes publics notamment hospitaliers, et les entreprises publiques et privées à signer le Label Diversité et la Charte d’Engagement LGBT+ de l’Autre Cercle
  • Organiser une sensibilisation spécifique à l’accueil des personnes LGBT+ et au traitement des actes de haine auprès de notre police municipale et de nos médiateurs de quartier
  • Poursuivre la diffusion des campagnes dans nos établissements scolaires, collèges, lycées publics et privés

Les LGBTphobies, dans toutes leurs dimensions, sont inadmissibles en France en 2021. Elles appellent à une vigilance constante des pouvoirs publics et, plus largement, à une mobilisation forte et accrue de toute la société. 

Parce que les droits fondamentaux ne se divisent pas, parce qu’ils ne se hiérarchisent pas, l’orientation sexuelle ou l’identité de genre ne devraient pas être des sources de discriminations dans notre pays, ni dans notre ville.

Violette Spillebout