CONSEIL MUNICIPAL

AEROPORT DE LILLE « POUR » LA MODERNISATION MAIS TRÈS RÉSERVÉS SUR L’EXTENSION !

Madame le Maire, chers collègues,

Le Groupe Faire Respirer Lille votera contre cette délibération

Nous souhaitons expliquer clairement cette position : 

1/ nous ne pouvons accepter l’ensemble des affirmations que contient cette délibération

2/ Nous nous prononçons pour la modernisation de l’aéroport, et nous sommes très réservés sur la partie extension, qui doit être retravaillée

En premier lieu, nous ne pouvons accepter l’ensemble des affirmations que contient cette délibération

Elle indique en effet que la modernisation et l’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin telle que proposée « n’aurait pas tenu compte de la concertation lancée en 2020, qui a mis en lumière les inquiétudes légitimes des très nombreux riverains concernés »

Cette affirmation est tout simplement fausse

Le projet a été largement retravaillé suite à la concertation. En effet, Aéroport de Lille SAS s’est engagé à ne pas augmenter le nombre de vols de nuit d’ici 2039. De plus, la réduction de l’artificialisation des sols est au cœur des études du projet. Suite à la concertation, la non-réalisation du parking P7 tel qu’initialement prévu ainsi que la non- réalisation du projet immobilier d’affaires ont permis de réduire les surfaces artificialisées de plus de 8,6 hectares sur les 17 prévus initialement..

Préfecture comme Ministère des Transports (qui n’a pas à émettre d’autorisation en soi) ont étudié ce dossier, qui à ce jour, répond aux exigences de la Loi Climat Résilience, car il ne construit pas de foncier hors des emprises aéroportuaires

Ce projet répond également à un besoin de transport aérien en croissance : 

Les termes du maître d’ouvrage pour décrire l’objet du projet (outre le volet mise aux normes) sont :  » l’accompagnement d’une croissance naturelle modérée du trafic, en améliorant dès à présent la qualité de service et l’accueil des passagers »

Le projet prévoit une croissance de 2019 à 2039 du nombre de passagers de 78% (ce qui fait 2,9% en moyenne annuelle) ; celles de mouvements d’avions commerciaux serait de 17% % (ce qui fait 2,9% en moyenne annuelle)

Cette délibération affirme également que projet ne tient donc pas compte des positions prises par de très nombreux élus de la métropole lilloise. Je crois que là aussi, c’est ignorer le travail fait par la société porteuse du projet, dont les donneurs d’ordre, rappelons-le, sont la Région et la MEL ! L’évaluation socio-économique dans le dossier du projet est estimée comme favorable au territoire grâce à son impact sur l’économie locale

Ce texte que nous votons ce soir est en fait un plaidoyer politique démagogique, qui positionne la Ville de Lille en arbitre, alors qu’elle n’a, rappelons-le aussi, aucune obligation de délibérer ce soir

Rappelons enfin, Mme Aubry, que la majorité à la MEL, à laquelle vous appartenez depuis de nombreuses années, a accepté de confier à un concessionnaire la Gestion de l’aéroport il y a des années, concessionnaire qui avait déjà en projet une augmentation de trafic et de rentabilité dont chacun avait conscience. (Syndicat mixte des aérodromes de Lille-Lesquin et de Merville (SMALIM), l’organisme qui regroupe la région Hauts-de-France, la Métropole européenne de Lille (MEL) et la Communauté de communes Flandre Lys, et qui a attribué la concession à Aéroport de Lille)

Vous le savez, les communes sont très partagées, car elles veulent d’un aéroport moderne et attractif, mais ne veulent pas des nuisances chez elles. Ce n’est pas si simple. Le MEDEF, La CCI de Lille Métropole comme la CPME Nord sont eux, très favorable à ce projet, qu’ils estiment “déterminant pour le rayonnement et l’attractivité de notre Région”

Enfin, dire que le projet ne tient pas compte non plus du récent avis de l’autorité environnementale est aussi un mensonge supplémentaire. Cet avis est pris en compte, c’est un dossier sérieux

Vous proposez donc ce soir au Conseil Municipal de la Ville de Lille d’émettre un avis défavorable au projet dans son ensemble, et de le rejeter en bloc

Ce n’est pas notre choix

Nous sommes pour la modernisation absolument nécessaire à l’attractivité : il y a une absolue nécessité de mise aux normes en matière de Sécurité et de Sûreté, pour moderniser un aéroport qui a plus de 25 ans, construit pour accueillir 800 000 passagers et qui a vu le nombre de ses passagers atteindre 2.2M en 2019, mais aussi pour améliorer la qualité des services et offrir un accueil optimal qui donnera une image moderne et dynamique de la région Hauts de France

Nous sommes donc favorables au Redesign de l’aérogare avec suppression de la rampe d’accès et du parking intérieur, à la Séparation des arrivées et des départs, et à un Accès modernisé aux avions

En revanche, concernant la partie extension, nous voulons que le projet soit attentif à un certain nombre d’alertes, et puisse être modifié en tenant compte des ambitions écologiques, mais pas y renoncer totalement :

– Vous avez raison sur un point évoqué dans cette délibération : Les évolutions de nos déplacements, l’accroissement du télétravail, la prise de conscience environnementale, amènent à être certainement plus modérés sur les ambitions de croissance de trafic à Lille, que le doublement annoncé jusque 4 millions de passagers dans 20 ans

– N’oublions pas que ce projet arrivant maintenant, en 2022, est très tardif, alors que nous connaissons la concurrence de trois aéroports rénovés et capacitaires à moins d’une heure de Lille: Charleroi, Roissy, Bruxelles-Zaventem, et 2 à moins de deux heures, Beauvais et Eindhoven

– Les habitants des communes survolées ont besoin de garanties sur la baisse des nuisances notamment nocturnes. Sas Aéroport met en avant un engagement de limitation des vols de nuit et une politique tarifaire incitative à une programmation en dehors du cœur de nuit. Il faut savoir que peu d’aéroports en France sont dotés d’un couvre-feu au sens propre du terme ; des aéroports au trafic sensiblement plus forts que celui de Lille ne le sont pas. Par contre plusieurs aéroports sont dotés de dispositions réglementaires de « restrictions d’exploitation » imposant la nuit l’utilisation des avions les moins bruyants

Les utilisateurs de l’Aéroport, s’ils vont croître dans les années à venir, doivent trouver solution de desserte autre que l’A1 : tram, train ou bus. Nous dénonçons à nouveau un SDIT qui a été voté à la MEL sans une ambition suffisante, sans une anticipation essentielle pour négocier avec l’Etat et la Région les grands aménagements de notre territoire. Aujourd’hui, même si l’aéroport voyait son trafic croître, on ne pourrait ni mieux, ni plus y accéder avec la seule voie autoroutière existante ! Les solutions de tram ou de train sont incertaines ou lointaines. Celle de l’augmentation des navettes pourra peut-être contribuer à une meilleure accessibilité à certains horaires, c’est à approfondir avant tous travaux

– Il nous faut de sérieuses garanties sur la préservation des champs captants et donc les ressources en eau de notre Métropole. Là aussi, de réelles avancées ont été faites dans le projet

Nous sommes donc dans l’attente des résultats cette enquête publique, qui a le mérite de permettre à toutes les parties prenantes de s’exprimer, et nous espérons qu’il en résultera la validation d’un projet nécessaire à l’attractivité de Lille, avec une extension raisonnée et respectueuse de son environnement, et surtout repositionnée dans le temps au regard de l’importante inaccessibilité de l’Aéroport, dont vous êtes co-responsable depuis des années

Je vous remercie.

Violette Spillebout