CONSEIL MÉTROPOLITAIN

L’extension du siège de la MEL pourrait devenir « un immense scandale », selon Violette Spillebout

La Métropole européenne de Lille a décidé d’agrandir son siège, entre Euralille et l’hôtel de Région. Un projet à 85 millions d’euros qui fait polémique alors que les élus de la MEL doivent élire un nouveau président le 9 janvier.

Le projet MEL 2 suscite la controverse.

On rembobine

Le 19 décembre, les élus de la MEL étaient invités à se prononcer sur l’ultime projet de la mandature, en l’absence du président Damien Castelain, condamné en appel pour détournement de fonds publics trois jours plus tôt. Le projet MEL 2, présenté par Michel Colin, vice-président en charge de la transparence des comptes, consiste à construire un bâtiment de 20 000 m2 – dessiné par l’architecte japonais Kengo Kuma – dans le prolongement de Biotope où siège la MEL depuis 2020 dans les locaux prévus pour l’Agence européenne du médicament. Un marché à plus de 85 millions d’euros remporté par le groupe Sogea Caroni, filiale du groupe Vinci.

La lettre

Mais ce projet ne fait pas l’unanimité, et pas seulement au sein de l’Assemblée. Dans un courrier adressé au président par intérim, Éric Skyronka, l’élue lilloise Violette Spillebout avait demandé le report du vote. Une demande d’autant plus inattendue que la députée ne siège plus à la MEL depuis 2023. Dans cette lettre, dont des termes ont été rendus publics lors du conseil, Violette Spillebout évoquait notamment « un manquement à la procédure ». Propos qualifié de diffamatoire par Michel Colin : « On se réserve le droit de l’attaquer au tribunal », a menacé le vice-président. Un VP sur la défensive suite aux questionnements de l’opposition.

« Les alertes formulées reposent sur des éléments précis, étayés et documentés. Elles portent sur la procédure, l’information des élus, la gouvernance et la soutenabilité financière de projets engageant durablement la métropole et l’usage de fonds publics » maintient Violette Spillebout dans un courrier adressé à Michel Colin. Contactée par téléphone, l’élue lilloise explique qu’elle agit comme lanceuse d’alerte : « Vu les incertitudes budgétaires et le contexte politique instable de la MEL, nous étions au lendemain de l’inéligibilité de M. Castelain, ce sujet méritait de la retenue et de la prudence. Je ne suis pas la seule à m’inquiéter (référence aux interventions de Stéphane Baly et Rudy Elegeest, ndlr), c’est un problème qui peut devenir un immense scandale. Et je ne le souhaite pas pour ma métropole et pour le futur président. »

Le candidat idéal

Trois élus de Faire Respirer Lille siègent dans le groupe Métropole Avenir (33 élus), présidé par Marie Tonnerre, troisième force politique de la MEL*. On y retrouve le ministre tourquennois Gérald Darmanin (présent vendredi) que le monde économique s’est empressé de présenter comme l’homme providentiel pour la présidence de la MEL. « Il faut changer de méthode, se mettre au niveau des grandes métropoles, investir sur l’innovation technologique, la réindustrialisation, l’emploi durable », formule Violette Spillebout, questionnée à ce sujet. Elle le dit en souriant, elle vise « un excellent partenaire de la future maire de Lille ! » Succession à la MEL, épisode 1.

Angélique Da Silva Dubuis pour La Voix du Nord du 27/12/2025