Lille 3000 a-t-elle été au service de Martine Aubry, candidate de la primaire socialiste de 2012 ? C’est la question que pose Médiacités, média d’investigation locale. Il semblerait que l’association ne se soit pas contentée d’organiser des événements comme Renaissance ou Fantastic.
Médiacités revient à la charge contre Lille 3000. Après avoir enquêté sur le statut de la structure et sur les salaires de ses dirigeants, le média d’investigation local révèle cette semaine que l’association aurait servi à l’organisation de la campagne de Martine Aubry à la primaire socialiste de 2011.
C’est un dossier déposé sur le serveur de Lille 3000, et accessible publiquement, qui a intrigué les journalistes de Médiacités. Intitulé « MA », comme Martine Aubry, il contenait des éléments en vue de la campagne pour remporter la primaire socialiste de 2011. Affiche, slogan, appel au vote signé par des personnalités : de quoi soutenir la candidate PS face à François Hollande. A la manoeuvre, Didier Fusillier, un proche de Martine Aubry.
Lille 3000, au service de la culture… et de Martine Aubry
Il s’appelait le dossier » MA « , comme Martine Aubry. Depuis le 13 octobre 2011, il dormait sur les serveurs de Lille 3000. Nul besoin d’être un hacker chevronné pour y accéder. Il suffisait d’entrer dans Google la requête » Tous-avec-Martine-Aubry + Lille 3000 « . Le dossier était en accès libre.
Mélange des genres
C’est là que le bât blesse. A l’époque, Didier Fusillier était à la fois directeur général de Lille 3000 et conseiller culture de Martine Aubry candidate. Pour Médiacités, le fait que le dossier « MA » se soit retrouvé sur les serveurs de Lille 3000 constitue un faisceau d’indices. Lille 3000 n’aurait alors pas uniquement rempli des missions culturelles dans la métropole mais aurait servi à faire avancer la campagne de Martine Aubry.
Du côté de la mairie, c’est l’incompréhension. Arnaud Deslandes, directeur de cabinet de la maire, rappelle que Martine Aubry « avait toutes les équipes nécessaires pour préparer sa campagne à la primaire ». D’après lui, la présence du dossier « MA » sur les serveurs Lille 3000 est un accident.
Les témoignages d’anciens salariés de Lille 3000 viennent contredire cette version de l’histoire. « Des employés de Lille 3000 ont été priés de travailler pour Martine Aubry ou pour son think tank Renaissance, raconte l’un d’entre eux à Médiacités. Ce n’était pas très fréquent, mais c’est arrivé plusieurs fois. »
Quel rôle pour Lille 3000 ?
C’est la structure même de Lille 3000 qui est en cause. C’est d’ailleurs la troisième fois que Médiacités lui consacre une enquête. En 2010, Christian Decocq, chef de l’opposition lilloise de 1995 à 2014, évoquait déjà une « association transparente« . C’est-à-dire une association qui servirait à masquer l’action d’une collectivité.
Plus largement, c’est la gestion de Lille 3000 qui est critiquée par des élus nordistes. Frédéric Minard, adjoint UDI à la culture de Roubaix, reconnaît un bon bilan et salue le travail de Didier Fusillier. Mais il se demande si l’association remplit désormais un vrai rôle : « Si l’association disparaissait demain, finalement, qu’en resterait-il ? Quelques sculptures dans Lille ? » Même son de cloche chez LR. En 2016, l’élu d’opposition François Kinget avait dressé le portrait d’une association à bout de souffle, de plus en plus en difficulté pour attirer de nouveaux visiteurs à Lille.