Dans l’article de la Voix du Nord de ce jour, le Directeur Général des Services de la Ville de Lille explique les difficultés à recruter à la Police Municipale.
En tant que citoyenne lilloise, je déplore profondément les qualificatifs employés pour parler du métier de policier, et l’analyse caricaturale et surannée de ces difficultés.
‘Les profils de Rambo ne nous conviennent pas !” : cette petite phrase, issue d’une saga cinématographique datant des années 80, porte atteinte à la réputation et au respect que méritent tous les membres des forces de l’ordre, qu’ils soient policiers nationaux, municipaux, ou gendarmes. Ce sont des professionnels, représentant la sécurité et l’ordre républicain dans notre pays, ils sont responsables, engagés, formés. Il n’est pas acceptable qu’ils soient caricaturés de façon réductrice et humiliante, par un des plus hauts représentants d’une des plus grandes communes françaises.
“Un centre de formation qui croulerait sous les demandes” : rappelons que le concours et la formation sont les mêmes pour tous les policiers municipaux en France, un minimum de 120 jours, dispensés dans notre Région sous forme de promotions de 40 futurs policiers. Il y a 5 à 6 promotions formées par an en Hauts-De-France, et au lieu d’un “engorgement” des centres, il semble plutôt que la Ville de Lille n’arrive pas à attirer des candidats pour les entrer dans les formations et passer le concours.
Des villes comme Roubaix, tourcoing, ou Valenciennes n’ont pas de mal à attirer les nouvelles recrues et à les former en temps et en heure !
“La Ville se heurte à de gros soucis de recrutements” : les raisons réelles de ce manque d’attractivité de la police municipale à Lille, c’est d’abord le manque de valorisation et de reconnaissance de leur métier : à Lille, les salaires de chefs de service à la Police Municipale sont très inférieurs à d’autres villes au même grade. C’est ensuite une absence de stratégie et de vision pour le rôle des policiers municipaux lillois, qui sont pourtant au coeur d’une grande ville centre, absence incarnée par l’absence de Directeur depuis plus de deux ans (le dernier étant resté moins de 3 mois en poste). La réorganisation des horaires de police municipale, annoncée, mais toujours pas mise en place, fait aussi fuir des potentiels candidats qui ne connaissent pas leurs futures conditions d’exercice à Lille. Enfin, c’est une opposition dogmatique à l’armement des policiers municipaux, sujet qui pourtant ne fait plus débat au sein des polices municipales (il y a une unanimité des syndicats représentatifs de la profession (CGT ; FO ; UNSA ; CFDT ; FA FTP…)
Tous les policiers municipaux sont engagés directement ou indirectement sur des dispositifs de sécurité publique surtout dans ce contexte post-attentat. A Lille, le marché de Noël et la braderie sont des manifestations à risque où la Police Municipale est sur-engagée, mais où les agents ne sont pas en mesure de pouvoir se protéger et de protéger la population. Il y a à Lille régulièrement des tirs d’armes à feu notamment à Moulins ou à Fives, quartiers dans lesquels les agents de police sont présents.
A Lille, pour retrouver des candidats fiers et motivés à la Police Municipale, il faut redonner une vision forte et partagée de leur rôle, en collaboration avec la Police Nationale, les agences privées de sécurité, et les communes de la MEL, il faut co-construire avec les agents une vision et une organisation performante du service, et leur garantir des conditions d’exercice et les moyens de protection adaptés à leur métier et aux enjeux de sécurité actuels dans notre Ville.
Violette Spillebout – Pour le Collectif LilleC