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Pourquoi Martine Aubry va (sûrement) annoncer à la rentrée qu’elle veut rempiler

Pour éclairer une campagne municipale de longue haleine, « La Voix » tient la chronique d’un scrutin incertain. Ce mois-ci, voici les raisons pour lesquelles Martine Aubry devrait finalement être candidate à un quatrième mandat.

Parce que Lille est perdable. À gauche, à droite, tous le clament : il y a un coup à jouer à Lille en 2020. Et pour une fois, c’est vrai. 

Pour le PS, l’élection s’annonce comme la plus difficile depuis 1995. Les socialistes ont été balayés du paysage politique national et même le bastion lillois montre des signes de fragilité. Les Marcheurs ont fait leur trou, les écolos sont en confiance, les Insoumis ont les crocs. Les voyants sont au rouge, d’autant que le score de Martine Aubry en 2014, bien que très bon (34,9 %), avait déjà montré une usure par rapport à 2008 (46 %). Le maire avait promis de s’en tenir à trois mandats, « sauf catastrophe ». On y est : le PS peut perdre Lille.

Parce qu’elle n’a pas de successeur. D’Augustin Laurent à Pierre Mauroy. de Mauroy à Martine Aubry. d’Aubry à… Le passage de relais achoppe. Tous les plans de succession ont été déjoués. 

Voix du Nord 28 juillet 2019

Son plan A, Audrey Linkenheld, a décliné l’offre. Son plan B, l’ex-ministre François Lamya complètement raté son atterrissage lillois. Son possible plan C, Roger Vicotrepart en campagne dans son fief lommois. Le maire est à court d’options, d’autant que les défaites successives ont asséché le vivier de socialistes papabile. Même si Martine Aubry n’a pas complètement abandonné son plan A…

Parce qu’elle ne lâche rien. En train de lâcher les rênes, Martine Aubry ? Loin de là. Le maire de Lille ne donne pas le sentiment de vivre une fin de mandat en roue libre. Le verdissement de sa fin de mandat témoigne d’une volonté de consolider ses points faibles, à l’image de son engagement pour la capitale verte européenne. Récemment encore, elle apostrophait le ministre Castaner sur l’insécurité et le deal dans la ville, proposait de recueillir des migrants du Sea-Watch, comme elle l’avait fait avec l’Aquarius. Des postures, disent les opposants. En tout cas, elle diffuse tout sauf l’idée d’un désengagement à venir.

Parce que son ancienne directrice de cabinet est candidate. Comment Martine Aubry a-t-elle réagi, cette semaine, à l’annonce de l’investiture de Violette Spillebout par La République en Marche  ? Silence radio. Mais une chose est sûre : entre les deux femmes, les relations sont exécrables. Violette Spillebout a été sa directrice de cabinet entre 2008 et 2013, avant des désaccords sur des « choix culturels, éducatifs ou vis-à-vis des commerçants ». Les relations sont aussi à couteaux tirés entre le maire et Olivier Spillebout, le patron de la maison de la photo de Fives. Bref, cette investiture peut être vécue comme une provocation. Et piquer au vif Martine Aubry, déjà peu Macron-compatible.

Voix du Nord 28/07/2019