L’ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry mènera la liste La République en Marche aux élections municipales de Lille, en mars prochain. La Braderie qui se profile sera l’occasion pour la tête de liste macroniste de lancer sa campagne.
Violette Spillebout, c’est la femme que l’on n’attend pas. Sans doute Martine Aubry n’imaginait pas il y a 11 ans, lorsqu’elle l’a recrutée comme directrice de cabinet, qu’elle briguerait un jour son fauteuil de maire. Peu de personne au sein de la République en Marche imaginait il y a encore deux ans qu’elle s’imposerait devant la députée Valérie Petit pour remporter l’investiture du parti présidentiel. Elle-même jure qu’occuper le Beffroi a été une envie très tardive même si au lancement du collectif Lille C en janvier 2018, elle formait déjà un ticket avec Christophe Itier, ancien référent départemental LREM, candidat battu aux Législatives 2017 par Adrien Quaténnens (LFI) et aujourd’hui haut-commissaire à l’économie sociale et solidaire.
Femme de gauche hors des appareils politiques
Elle se revendique femme de gauche, a eu sa carte PS, a toujours voté socialiste jusqu’à l’élection d’Emmanuel Macron. Violette Spillebout adhère depuis peu à La République en Marche mais elle affirme se méfier des appareils politiques et tend la main à tous les partis : « le clivage droite-gauche se retrouve peu au niveau d’une ville », dit-elle. Cette fille d’enseignants (une mère professeure agrégée de français au lycée Saint Jean-Baptiste de la Salle à Lille et un père directeur de recherche à l’Inra et professeur à l’ISA, l’école d’ingénieurs de la Catho de Lille) est arrivée à l’âge de 11 ans à Lille. Elle entame des études de biologie (maths sup, maths spé), obtient un diplôme en management des entreprises. Elle découvre le monde du travail brièvement dans un cabinet d’audit à Paris avant d’être recruté au cabinet de Pierre Mauroy en 1997. En 2008, elle devient directrice de cabinet de Martine Aubry. Elle y reste 5 ans avant de rejoindre la SNCF : « Martine Aubry m’a aidée à y entrer » reconnaît-elle, ajoutant ensuite qu’elle a gravi des échelons au sein de l’entreprise publique uniquement sur ses compétences. Elle veut alors connaître le monde de l’entreprise parce qu’elle a dans un coin de la tête l’envie d’être élue prochainement. Violette Spillebout vit à Fives mais travaille alors à Paris. Elle se mettra en disponibilité dans les prochains mois pour être à 100% dans la campagne municipale. Lucide, quitte à se sous-estimer, elle pense ne pas représenter aujourd’hui plus de 10% des intentions de vote mais la route est encore longue jusqu’en mars. Cette ancienne danseuse classique, qui pratique encore régulièrement la gym, semble avoir l’endurance pour mener de longues et dures batailles.Ses premières propositions
La candidate LREM a déjà dévoilé son slogan de campagne : « faire respirer Lille » qui pourrait rester le même jusqu’au scrutin : « Il y a deux angles exprimés dans ces mots. Le premier, c’est la lutte contre la pollution. Beaucoup d’enfants, de familles ont du mal à respirer.
« Cela veut dire faire entrer massivement la nature en ville, remettre des espaces verts, préserver la friche Saint Sauveur »
La candidate macroniste ne remet pas pour autant totalement en question le projet Saint Sauveur. Elle souhaite construire des logements, des commerces mais agrandir la partie végétale du projet. Pareil pour le projet de complexe aquatique, elle souhaite, si le contrat signé avec le groupe de BTP Rabot Dutilleul le permet sans pénalités financières excessives, revoir à la baisse le dimensionnement de la piscine notamment la fosse de plongée.
« Mais c’est aussi permettre à chacune et chacun de se balader dans Lille en se sentant détendu, en sécurité, zen, un bien-être dans la ville. Il faut mettre en priorité le sujet de la sécurité pour les Lilloises et les Lillois ».
Violette Spillebout veut installer un réseau de vidéosurveillance dans les rues de la ville, une police municipale montée (dont les écuries seraient installées dans la citadelle après négociation avec l’armée), davantage de présence policière dans les quartiers, la nuit notamment.
Le bilan de Martine Aubry ?
« 3 mandats, c’est long. Il y a eu beaucoup de choses très réussies, des grands projets initiés par Pierre Mauroy. Martine Aubry a mené le chantier de rénovation urbaine avec des investissements dans les quartiers populaires ».
Ses premiers mandats ont amené une énergie nouvelle à Lille mais après 18 ans, il y a une demande des Lilloises et Lillois de voir de nouveaux visages.
« Lille perd des chances dans de grandes opportunités, comme l’Agence Européenne du Médicament qui aurait pu s’installer à Lille. Quand on regarde de grandes métropoles européennes, Lille n’est pas cité tout de suite en France. On pense plutôt à Lyon, Bordeaux, Nantes, Rennes, pour les villes où il fait bon vivre donc il faut que Lille remonte dans le classement français et européen ».
Quand on demande à l’ancienne directrice de cabinet ce que donnerait une campagne face à son ancienne « mentor » (Martine Aubry dira courant septembre si elle est candidate à un quatrième mandat), elle joue l’apaisement : « Je n’ai aucun souhait d’affronter qui que ce soit, elle fera son choix en toute indépendance. Je ne me positionne pas par rapport à Martine Aubry, je me positionne par rapport aux besoins des Lilloises et Lillois pour demain.
On a conservé des relations tout à fait cordiales et j’ai beaucoup de respect pour elle et je pense que c’est la même chose inversement. Ce sujet de campagne haineuse ne correspond pas à la réalité.
Maire et présidente de la Mel ?
Violette Spillebout ne s’interdit rien, précise qu’elle brigue avant tout le fauteuil de maire de Lille mais insiste pour dire qu’elle portera un très vif intérêt à la Métropole Européenne de Lille si elle devient maire de la capitale des Flandres sans exclure la double casquette.