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Municipales à Lille : le siège de Martine Aubry attise les convoitises

La maire sortante de Lille, Martine Aubry, se prépare à l’élection municipale la plus difficile de son long règne.

le JDD 18 août 2019

Martine Aubry pourrait-elle voir le beffroi échapper aux socialistes, après plus de soixante ans de règne de son parti? La maire de Lille n’a jamais été aussi fragile. Pour autant, difficile de savoir qui, chez ses opposants, pourrait en bénéficier, tant le jeu politique local est confus. Cette cinquième campagne municipale (la première, c’était en 1995, pour devenir première ­adjointe de Pierre Mauroy), ­Martine Aubry n’en voulait pas. Celle qui devrait officialiser sa candidature à la rentrée avait promis que ce mandat serait le dernier. Mais la greffe à Lille de l’ancien ministre François Lamy, qu’elle aurait bien vu lui succéder, n’a pas pris. Aux législatives de 2017, il a été balayé par la vague de « dégagisme » qui a propulsé au second tour les candidats de La France insoumise (LFI) et de La République en marche (LREM).

Désaccords avec Europe Écologie-Les Verts

Le Parti socialiste du Nord, autrefois si puissant, s’est émietté ; plusieurs figures ont quitté le navire pour LREM. Résultat : « Les fidèles de la maire ne sont plus que des seconds voire des troisièmes couteaux », glisse un socialiste local. De quoi donner envie au sénateur Patrick Kanner d’être le champion du PS. Il s’entretiendra début septembre avec l’édile, malgré leurs relations exécrables.

Tensions internes chez les macronistes

Les partisans d’une alternance étaient surtout nombreux à placer leurs espoirs en LREM. Mais ils ont été douchés par le choix de la ­candidate investie : l’ancienne directrice de cabinet de Martine AubryViolette Spillebout, a été préférée à la députée du Nord ­Valérie Petit, proche du ministre des Comptes publics, Gérald ­DarmaninJean-René Lecerf, le président divers droite du ­département, ­regrette Petit, qui « ne heurtait ­personne chez la droite humaniste, le centre, et avait des sympathies fortes avec le centre gauche et EELV ».

La candidate malheureuse refuse de soutenir Spillebout, « pour des questions de morale », explique-t-elle. Elle attend une réunion le 28 août avec ses équipes pour « dire quelle sera [sa] position » et ­envisage même de quitter le parti. Ces ­tensions internes risquent de compliquer la campagne de ­Spillebout, qui ­revendique pour priorités « la solidarité » et l’écologie.

le JDD 18/08/2019