Violette Spillebout est l’ancienne directrice de cabinet de Martine Aubry, l’actuelle maire de Lille. Elle est investie par LREM pour tenter de lui succéder
Des heures passées avec elle et jamais on ne l’aura entendue prononcer le nom de Martine Aubry. « Cela m’arrive encore de le prononcer, si vous voulez, je vous le prononce », lance en riant Violette Spillebout, la candidate, soutenue par La République en marche, aux élections municipales 2020 de Lille. Sa liste est baptisée « Faire respirer Lille ». Violette Spillebout est surtout connue pour avoir été, depuis 2001, cheffe de cabinet puis directrice de cabinet de Martine Aubry.
Cela fait six ans que Violette Spillebout a claqué la porte pour rejoindre la SNCF, où elle est directrice de la relation client. Quand on lui dit qu’elle dénonce un système auquel elle a participé, pendant plus de dix ans, la réponse est toute prête : « C’est quelqu’un [Martine Aubry] qui, déjà il y a six ans, avait une méthode de travail dans laquelle je devais apporter à chaque fois de la rondeur, de l’explication, de la pédagogie, et je ne me retrouvais plus dans cette façon de faire de la politique. »
J’avais envie d’être au contact, dans la proximité. Violette Spillebout à franceinfo
La proximité, elle en fait sa marque de fabrique. « Violette, elle aime profondément les gens, elle a un sens du service aux plus fragiles qui est vraiment dans ses gènes, affirme Ingrid Brulant, sa directrice de campagne. C’est quelqu’un qui va au plus près des gens. Si on arrive à le faire savoir, ça fera la différence. »
« Les gens sont surpris de voir une autre candidature »
Le positionnement laisse sceptiques les militants aubrystes : « Violette Spillebout aspire à construire sa propre histoire et à construire sa légende. Ce n’était pas une femme de rondeur, c’était, au contraire, une femme qui était là pour faire passer les idées coûte que coûte. En fait, elle passe un entretien d’embauche. » Pas vraiment le choix, en même temps, quand on est inconnue ou presque. Comme de cette électrice à qui le nom de Violette Spillebout ne dit rien, mais qui estime qu’il faut du « renouveau et peut-être un petit changement, pour donner un peu de peps ».
Quand elle rencontre des électeurs, Violette Spillebout ne se présente pas comme une ancienne du cabinet Aubry. Elle ne met pas non plus spontanément en avant le soutien qu’elle a reçu de La République en marche, au prix pourtant de querelles internes : une députée LREM, Valérie Petit, était candidate. « Ce n’est pas le premier argument, vous savez, quand on parle aux gens lors des porte-à-porte. Ils sont surpris de voir une autre candidature que celle de la maire actuelle », avance Violette Spillebout.
LREM mise encore sur le « dégagisme »
En 2017, Lille a placé Jean-Luc Mélenchon quatre points devant Emmanuel Macron au premier tour de la présidentielle, puis a élu trois Marcheurs et deux Insoumis aux législatives. Malgré deux ans et demi de pouvoir, La République en marche mise encore sur le « dégagisme » au niveau local. « Nos concitoyens ont besoin de cette respiration, estime le député LREM du Nord Laurent Pietraszewski. En 2017, ils ne nous ont pas envoyé un message unique. Ils ont aussi choisi de changer les visages, les usages, les pratiques. » En pleine bataille sur la réforme des retraites, pourtant en première ligne, il prenait le temps cette semaine d’une visite d’entreprise aux côtés de la candidate.
Bien sûr qu’elle est gagnable, cette ville ! Laurent Pietraszewski, député LREM à franceinfo
Des ministres n’hésitent pas à mouiller la chemise. En janvier, Laurent Nuñez, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Intérieur, viendra lancer le volet sécurité du programme. La sécurité est le premier sujet de préoccupation pour les Lillois, selon une enquête Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo, France Bleu et La Voix du Nord.