Depuis son premier mandat en 2001, jamais Martine Aubry n’avait été élue avec un aussi faible nombre de voix
- Martine Aubry a été élue pour un 4e mandat à la mairie de Lille.
- Elle n’a devancé son adversaire écologiste que de 277 voix.
- A Lille, l’abstention a atteint un record à près de 69 %.
Démocratie représentative ? Dimanche soir, Martine Aubry a été élue pour un quatrième mandat à la tête de la ville de Lille. Une victoire sur le fil du rasoir alors que, pendant une bonne partie de la soirée, plusieurs estimations avaient donné la maire sortante battue par son adversaire écologiste, Stéphane Baly. Couplés à une abstention record, les 40 % obtenus par la socialiste montrent une lente mais inexorable érosion de son électorat. Un désamour ? Pas forcément…
« Je ressens une grande tristesse en voyant ce taux d’abstention », a déclaré Martine Aubry quelques minutes après avoir annoncé officiellement sa réélection à la mairie de Lille. Et il y avait effectivement de quoi frémir, la participation au second tour de l’élection municipale à Lille n’ayant atteint que 31,73 %. Coronavirus, désintérêt de la politique, séance de piscine ? On ne saura sans doute jamais pourquoi seuls 39.479 Lillois sont allés voter sur les 124.439 inscrits.
Martine Aubry n’avait jamais fait moins de 34 % au premier tour
Mais du coup, jamais Martine Aubry n’aura été élue avec aussi peu de voix. Ses 15.389 électeurs du second tour, soit 277 de plus que Stéphane Baly, représentent 12,37 % des inscrits et seulement 6,55 % de la population lilloise, estimée à 234.842 habitants en 2020 selon l’Insee. Depuis 2001, Martine Aubry n’avait jamais fait moins de 34 % au premier tour et jamais moins de 49 % au second tour après accord avec les écologistes. Pour autant, même en 2008, année de la plus belle victoire électorale pour la socialiste, son électorat ne représentait que 28,38 % des inscrits sur les listes (15,18 % de la population).
La montée en puissance des écologistes pourrait-elle expliquer la perte de vitesse de Martine Aubry ? En fait, si l’on observe le nombre d’électeurs écologistes lors de chaque premier tour depuis 2001, on remarque plutôt une certaine stagnation. Outre celui du 15 mars dernier, leur meilleur score remontait à 2001 avec 8.437 bulletins Verts. Au premier tour, en 2020, EELV n’a convaincu « que » 3.564 électeurs de plus qu’en 2014. La « vague verte » n’a vraiment eu lieu que dimanche, lorsque les écologistes ont presque doublé leur meilleur score jamais obtenu à Lille.
Dimanche soir, l’ex-candidat LR à Lille, Marc-Philippe Daubresse, posait la question de la légitimité d’un élu au regard d’une abstention aussi massive. Un phénomène national qui n’est donc en rien lié au contexte lillois. La question de la représentativité n’est cependant pas nouvelle. En 2017, Emmanuel Macron avait été élu président de la République avec 46,61 % des suffrages, soit moins d’un électeur sur deux. Et il avait pourtant bénéficié largement de l’appel à faire barrage à la candidate du Front national, Marine Le Pen.