La bataille continue et les deux adversaires semblent irréconciliables. La députée de la neuvième circonscription n’accepte pas le jugement du TGI de Lille qui la condamne à verser des dommages et intérêts au journaliste qu’elle accusait d’harcèlement sexuel via la propagation de rumeurs de photos pornographiques dans son questionnement professionnel. Et la maire de Lille Martine Aubry entre dans la boucle !
L’audience du 6 juin dernier avait mesuré le fossé qui sépare les deux adversaires (relire notre article, qui a apporté des infos complémentaires sur les échanges proprement dits et qui semble avoir égratigné quelques sensibilités). La plainte n’est pas caractérisée selon Me Vincent Fillola. Ni « harcèlement sexuel, ni propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste » pointant « une volonté de nuire au prévenu...acharnement judiciaire de la part des époux Spillebout (NDLR : d’autres procédures ont été déboutées)…aux fins de museler un journaliste et de le mettre au pas » par l’abus du droit d’agir en justice selon le mémoire en défense du journaliste qui rappelle qu’une première plainte pour chantage avait été classée. En prononçant la relaxe du fondateur de Mediacités, le tribunal assortit la sanction d’une amende de 6000 euros (10 000 euros étaient demandés) pour constitution abusive de partie civile et 3783,50 euros en remboursement des frais engagés par le prévenu. S’il s’estime satisfait du jugement, le journaliste relaxé, allure d’aumonier scout, confesse l’épreuve endurée malgré une vingtaine de procédures en diffamation depuis la création du titre dont aucune n’a abouti à une condamnation. » Elle attaque à tort et à travers. C’est un grief lourd à porter et qui prend beaucoup de temps. J’ai été convoqué par la police avec prise d’empreintes et relevés anthropométriques ». Et avoue une charge mentale. Alors ? Victoire à la Pyrrhus ?
La réaction de la députée est immédiate : par un long texte (elle n’était pas présente), VS refait l’audience du 6 juin, et se déclare choquée par ce « journalisme de chambre à coucher« , sorte de « permis de harceler, d’agresser, de diffamer, et remet en cause sans ambiguïté les méthodes employées. « il a tenté de justifier cette curiosité obsessionnelle en affirmant qu’il investiguait sur la vie privée ».. » pseudo-enquête humiliante, source de rumeurs qui a profondément meurtri..« . La maire de Lille (NDLR : VS est son ancienne directrice de cabinet) apparait dans un article à l’occasion d’un sujet sur la campagne municipale de VS opposée à elle – les « rumeurs » pouvaient pénaliser la candidate. » N’importe quel journaliste averti aurait usé de prudence face à ce drôle de témoignage spontané », « méthodes de tabloïd », « mauvaise foi ». Connue pour ses engagements contre les violences physiques et psychologiques faites aux élus, l’opposante lilloise monte au créneau de la déontologie et la méthodologie journalistiques : » pas de contradictoire, pas de source indépendante, pas d’enquête croisée »...Je suis convaincue que quand il s’agit de manipuler, d’agresser et de blesser, Monsieur Trentesaux a le comportement d’un pervers narcissique ». « Lors de l’audience J.T s’est ému que son épouse et sa fille puissent le considérer comme un « pervers »…il fait peu de cas des dommages psychologiques que ses agissements ont occasionné dans la propre famille de V.S. »
Mais a-t-on vraiment traité le sujet au Palais de justice ? On se déplace du strict terrain du droit à celui de la morale, celle de la famille et du féminisme, et celle d’un métier, qui était probablement les véritables enjeux de la confrontation. Le tribunal ne pouvait évidemment pas se prononcer directement sur ces aspects. Le feuilleton n’est donc pas fini.