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Projet du Metropolitan Lille Museum au sein du Palais de Justice

Notre réponse à l’article du 5 mars 2020 de Médiacités.

Le 19 décembre 2019, nous présentions notre projet de “Cité des arts et du design” dans lequel apparaissait la rénovation de l’actuel Palais de Justice en Metropolitan Lille Museum couplé à un hôtel. 

Dans son article diffusé dans Médiacités, le journaliste décrédibilise le projet présenté par Faire Respirer Lille, en proposant une évaluation du coût pour la Ville de Lille qui est totalement erronée et ne correspond pas aux informations transmises en interview. 

En simplifiant à outrance le débat, Médiacités fabrique de fausses informations. Nous souhaitons donc apporter des précisions ici par écrit, au-delà des réponses déjà apportées au journaliste par Thomas Werquin, pour son article.

En effet, en envisageant la création d’un hôtel dans les étages, le projet défendu par Violette Spillebout veut faire porter par le secteur privé une large part du financement de la rénovation du bâtiment, ce qui a déjà été largement expliqué à la presse, et détaillé sur son site internet.

1. Concernant l’achat du bâtiment : 35 millions selon Médiacités !

Le Bâtiment du Palais de Justice appartient actuellement au Département du Nord. Si l’achat est une option, le bail en est une autre et il est trop tôt pour se prononcer. 

  • Si achat il y a, Jean-René Lecerf, Président du Conseil Départemental, a affirmé lors du Conseil Municipal du 4 octobre 2019 vouloir s’associer à la Mairie de Lille, en étant prêt à lui “céder le bâtiment à un prix intéressant”, donc certainement pas 35 millions d’euros ! Pour exemple récent, la MEL a cédé à la Région Hauts-de-France un bâtiment pour un Euro symbolique le 14 décembre 2018, afin d’y réaliser l’Institut pour la Photographie, en raison de “sa contribution à l’attractivité du territoire, et le montant des travaux envisagés”. C’est une pratique courante entre collectivités, que de se céder mutuellement des bâtiments pour des projets qui intéressent directement l’ensemble du territoire, ce qui est le cas du MLM.
  • Un bail sur du long terme pourrait être aussi envisagé.  Ainsi, en l’an 2000, le CHRU de Lille a cédé l’Hermitage Gantois dans le cadre d’un bail emphytéotique de 60 ans à une société hôtelière pour réaliser un hôtel 5 étoiles de 70 chambre que nous connaissons rue de Paris à Lille. Nous pourrions aussi prendre l’exemple du Palais Rameau, propriété municipale, issue du leg de Charles Rameau, qui a été mise à disposition de l’école d’ingénieurs Yncréa (HEI – ISA – ISEN) pour y réaliser le premier démonstrateur européen d’agriculture en ville, sous la forme d’un bail emphytéotique de 25 ans, avec un loyer symbolique de 1€ par an, en contrepartie de la réalisation de 13,8 M€ de travaux par le preneur, selon une délibération du Conseil Municipal de Lille le 22 juin 2018. Enfin, nous pourrions aussi citer la piscine de ROUBAIX, propriété municipale transformée en musée.

Au total, le coût de 30 / 35 millions pour l’achat par la Ville n’est donc qu’une pure fiction. 

Le Président du Département confirme la possibilité de vente à « un bon prix » du Palais de justice au profit de la Ville de Lille

2. Concernant les travaux de rénovation et de mise aux normes

  • D’abord, dans les travaux de rénovation, il y a le désamiantage et les mises aux normes, comme évoqué justement dans l’article : “reprise de niveaux pour la sécurité incendie, élargissement des portes et des sanitaires pour l’accès aux personnes à mobilité réduite, désamiantage, isolation thermique à revoir de fond en comble, reprise du béton de la façade… La mise aux normes élémentaires est évaluée à 25 millions d’euros”. Dans tous les cas, destruction ou rénovation, le désamiantage est obligatoire, il ne peut être considéré comme un coût lié à notre projet spécifiquement. Concernant les autres travaux de rénovation et de mise aux normes, ils seront obligatoires quel que soit le projet de réhabilitation. 
  • Ensuite, Médiacités oublie de dire dans son article que le bâtiment sera dédié à deux grandes d’activités bien distinctes dans leur mode de financement comme dans leur mode de gestion :
    • un hôtel et restaurant indépendants et totalement privés
    • un espace culturel avec son musée, nécessitant des travaux d’aménagement publics et une gestion que nous souhaitons confier à du privé.
  1. Concernant l’hôtel / restaurant : Il est bien entendu que c’est l’investisseur hôtelier qui fera les travaux pour la partie hôtelière et qui les financera seul !
  1. Concernant l’aménagement du MLM (espaces culturels) : le financement des travaux d’aménagement du nouveau MLM sera, comme pour tous les grands projets culturels, supporté par des co-financements publics : Ville, Europe, Etat, Département, Région, MEL. Le coût global de la transformation du lieu en musée a été estimé à 25MEuros, dont 10MEuros à la charge de la Ville. Cette proportion est tout à fait justifiée et raisonnable au regard des cofinancements de projets antérieurs dans la culture. 

Médiacités conclut : “La vente et la réhabilitation du bâtiment coûteraient donc entre 80 et 135 millions d’euros. Loin, très loin, des 10 millions ce que Violette Spillebout a prévu de dépenser pour le projet ! Il faudra donc mettre la MEL, l’Etat, la Région autour de la table… Rudes tractations en perspective.”

Et bien oui !  C’est justement le rôle d’un Maire efficace, que de mettre autour de la table des financeurs et de l’aller chercher des financements Européens. Pour cela, il est nécessaire d’établir des relations saines et efficaces avec les institutions partenaires. On ne voit pas pourquoi la candidate Violette Spillebout et ses colistiers serait moins capables que d’autres de réaliser un tour de table pour financer un projet. Quelle position partisane !

  1. Concernant la gestion du fonctionnement du MLM. Médiacités donne des conseils : “ Sans oublier de réfléchir aux dépenses de fonctionnement du bâtiment.”  Faire Respirer Lille a bien entendu travaillé cette question, et envisagé de recourir à un opérateur privé, en DSP ou autre forme de contrat, qui aura la responsabilité de l’entretien, de la programmation et de l’accueil des publics, en lien étroit avec la Ville. Cette gestion permettra le moindre coût en fonctionnement pour la Mairie (en gardant l’objectif d’une gratuité pour les Lillois, et d’un accès payant pour les visiteurs extérieurs). Plusieurs sociétés françaises et européennes peuvent répondre à cette proposition.

Ainsi, les coûts seront forcément partagés entre les acteurs publics et privés. 

  • Affirmer que c’est la ville qui financera tout, alors qu’une large partie sera occupée par un hôtel, est une fausse information.
  • Au final, le projet et son financement se feront dans le cadre d’une négociation globale dans laquelle chacun contribuera selon l’intérêt privé et public.
  • Affirmer que l’équipe de Violette Spillebout n’est pas en capacité de financer son projet est un parti pris politique plus que factuel.
  • L’équipe Faire Respirer Lille est donc dans l’attente des autres articles de Médiacités qui analyseraient avec la même finesse une proposition de chacun des candidats aux élections municipales de Lille 2020.