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Un sondage signé Darmanin pour faire pencher la balance En Marche du côté de Valérie Petit ?

Les conjectures s’emballent à propos du sondage IFOP* réalisé il y a quelques jours dans la capitale des Flandres. “C’est une opération Darmanin“, clament certains, persuadés que le tourquennois, qui pense sa réélection assurée dans sa ville, joue les traits d’union entre la députée En Marche Valérie Petit et le sénateur Les Républicains Marc-Philippe Daubresse, tous deux candidats déclarés au beffroi. La première recherche l’investiture En Marche contre Violette Spillebout, ancienne collaboratrice de Martine Aubry, maire socialiste de Lille et le second veut jouer les rassembleurs d’une droite explosée qui peine à jouer les contradicteurs au conseil municipal de Lille. L’association EnMarche/Daubresse est testée dans le questionnaire. Le ministre de l’action et des comptes publics, qui s’active sur le front des municipales, avait déjà testé Lille mais pour son compte. Et avait prudemment renoncé pour mieux se concentrer sur sa bonne ville de Tourcoing.

Le sénateur Daubresse ne peut rester isolé dans son aventure lilloise, lui qui avait brandi une première enquête – Opinion Way, relire notre article – tarabiscotée qui lui donnait le beau rôle face à certains coreligionnaires lillois d’un Autre Lille (les LR Isabelle Mahieu et François Kinget et l’UDI Philippe Duez). Le nouveau « sondage » est de la même veine. Il s’agit d’impressionner les tièdes et de décourager les adversaires.
Une association Daubresse-Petit vise à recoller les morceaux d’une opposition cassée pour atteindre une masse critique et montrer que la députée de la neuvième circonscription est la mieux placée pour recevoir le label de son mouvement. Une appréciation évidemment contestée par le camp de Violette Spillebout, très active sur le terrain et qui multiplie les soutiens locaux face à une Valérie Petit entourée de parlementaires qui ont claqué la porte des instances départementales En Marche pour protester contre un déficit démocratique supposé (relire notre article).

Darmanin préfère Daubresse à Aubry

L’axe Les Républicains/Daubresse-droite lilloise/En Marche serait le seul crédible selon Gérald Darmanin – le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand tient le même raisonnement – pour déboulonner le pouvoir sortant naturellement favori. Mais ce serait également un sacré coup de sabre au Yalta passé entre le ministre et Martine Aubry voici presque une année. Une sorte de pacte de non-agression sur le mode : « je ne te gêne pas aux municipales à Lille, tu ne me gênes pas à l’élection à la présidence de la métropole européenne de Lille« . Relire notre article.
Reste à résoudre le problème d’un Marc-Philippe Daubresse étiqueté Les Républicains. Pour prendre Lille, Emmanuel Macron, qui veut sa revanche sur celle qui l’a souvent brocardé, sera-t-il prêt à s’acoquiner avec un de ses propres opposants ?
A moins que l’ancien maire de Lambersart ne claque la porte de son parti par ailleurs en pleine déconfiture. » Ce qui ne saurait tarder« , avance cet élu de la métropole, qui sait le sénateur jamais à cours d’une manoeuvre et dont l’investiture LR contestée par ses collègues Mahieu et Kinget aurait une chance d’être invalidée – relire notre article. Une porte de sortie idéale pour l’ancien ministre de la ville qui se voit le meilleur opposant d’une Martine Aubry qu’il ne porte pas dans son coeur.

Mais le sénateur songe peut-être à signer une nouvelle mouture de l’appel des 72, ces maires et élus de droite et du centre qui soutiennent l’action du pouvoir. La première vague concernait surtout des élus en difficulté dans leur ville, Amiens, Roubaix,…. « La deuxième vague interviendra après l’élection du président des LR quand les déchirements de la droite seront à leur comble » prédit ce maire de droite, un nouvel appel à l’adresse d’élus challengers en campagne. Daubresse a scruté les résultats des européennes. La droite n’est plus un label porteur a fortiori la version Bellamy, trop conservatrice. Il doit se ménager l’électorat marcheur du centre droit, lui l’ancien militant UDF version Centre des démocrates sociaux qui ne jure que par ses pairs Bruno Retailleau et Gérard Larcher. Un air de retour aux sources pour se donner les meilleures chances au premier tour. Avec Darmanin en Pygmalion.
Décidément, cette municipale lilloise monte dans les tours ! L’investiture en Marche sera attribuée à Lille vers la mi-juillet, sinon à la fin du mois, après les auditions ces jours prochains, par la commission nationale d’investiture co-présidée par la juppéiste Marie Guevenoux et l’ex-rocardien Alain Richard. Les scénarios et arguments des Darmanin, Petit et Daubresse seront-ils entendus ?

* Le même institut vient de boucler une enquête sur Lambersart, la commune dont Daubresse est encore élu municipal, Une coïncidence…

DailyNord 26 juin 2019

DailyNord 26/06/2019