CULTUREPHOTOGRAPHIE

DailyNord : Violette Spillebout veut faire toute la lumière sur l’Institut pour la photographie

Le groupe d’opposition Faire respirer Lille demande à la ministre de la Culture de diligenter la saisine de l’Inspection générale des affaires culturelles pour faire le point sur le grand projet d’équipement culturel de Martine Aubry et Xavier Bertrand, qui accumule retards et flous (nos révélations). « Un fiasco pour notre région…dérives de tous ordres« , lancent-ils en choeur !

Vent debout contre le projet de 16 millions d’euros – 25 avec le budget de fonctionnement – qui devait voir le jour en 2020, ils s’appuient sur le document préparatoire de la commission d’appel d’offres du conseil régional du 12 septembre qui signifie le décalage à une livraison en 2025 et le rétrécissement du programme. L’avenant stipule clairement une amputation du programme et zappe le numéro 7 de la rue de Thionville initialement prévu dans l’épure architecturale puisque les négociations sur la base de l’euro symbolique entre la Métropole Européenne de Lille, propriétaire et le conseil régional Hauts-de-France n’ont pas abouti comme l’explique le document (nos informations) et ICI. « Mais l’investissement reste le même pour un projet raboté, la dépense publique est mal maitrisée « , observe Violette Spillebout, députée Renaissance du Nord et membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation – elle vient de rejoindre la « task force » sur la maitrise des dépenses publiques. La cheffe de file de FRL revendique son « expérience personnelle » du sujet puisque le projet, qu’elle qualifie de » pharaonique », est entré en concurrence frontale avec la Maison de la Photo développée par son propre époux et contrainte à la fermeture après la suppression des aides pour raisons psycho-politiques. Une référence internationale dans le monde du huitième art depuis 1997 et qui a accueilli grands noms et expositions de prestige (notre article) et accompagné de nombreux artistes dans un quartier en difficulté.  » J’en suis très fière« . Mais pas de conflit d’intérêt potentiel en filigrane, ni mélange des genres, ni combat personnel, promis, juré. Ce qui n’est évidemment pas l’avis des adversaires politiques.

Le bras-de-fer empoisonne les rapports avec les majorités de Martine Aubry (Lille) et de Xavier Bertrand (Hauts-de-Francesur fond de papier bleu et de recours devant les tribunaux (nos articles ICI et ICI).  » Les dérives de calendrier et de budget étaient écrites d’avance« , cinglent-elles.  » Nous avons été interpellés par de nombreux photographes (…) qui n’ont plus de lieu pour la diffusion, les ateliers, les débats et l’aide à la production« , écrivent-elles dans leur missive à Rima Abdul Malak. Même la dimension patrimoniale n’échappe pas à leurs critiques : » Il nous semble dérisoire de « déshabiller » le projet pour faire des économies au détriment de la qualité et l’esthétique de ces maisons ». La rue de Thionville appartient au secteur sauvegardé du Vieux-Lille.

Le dossier trouve un écho au delà du huitième art proprement dit. Selon l’opposante Clémentine Dupuy, les dérives du Faubourg des Modes et du cinéma Pathé à Lille-sud, relèvent du même constat. Même le projet de piscine olympique sur le quartier de Bois-Blanc puis la friche Saint-Sauveur « qui patauge depuis plus de 10 ans et ne verra jamais le jour… », ne trouve pas grâce à leurs yeux (nos informations). Sa collègue Ingrid Brulant pointe l’augmentation du budget culture de la Ville à 6,2 millions d’euros au bénéfice des événements par nature ponctuels (comme Lille 3000 dont le premier audit par la chambre régionale des comptes avait fait couler beaucoup d’encre, (nos révélations ICI) ou trop élitistes au détriment de la vie associative de proximité. « La politique culturelle lilloise ne s’adresse pas à tous les publics, délaisse le patrimoine, méprise nos quartiers et les grands projets sont à la dérive », lit-on. Voilà la ministre éclairée sur l’Institut pour la photographie.

Pour se faire une idée générale sur les coulisses politiques et le dessous des cartes, on relira notre enquête sur le sujet ICI

DailyNord du 7 novembre 2022